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  • : Candidette à Journalism-Land
  • : Blog pas très sérieux d'une Candidette (féminin de Candide) qui s'éclate à Journalism-land, cet univers impitoyable. Au programme: splendeurs et misères du métier, stages et premiers boulots, coups de coeur et coups de gueule, commérage et babillage sur les médias, tout ça avec une bonne dose d'optimisme et de jovialité.
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15 octobre 2012 1 15 /10 /octobre /2012 18:43
J'ai découvert la mode afro lors d'un défilé du créateur Sadio Bee en 2010, et j'ai eu un gros coup de cœur. Alors la Black Fashion Week, une première en France, il fallait que j'y sois. J'ai adoré et adhéré et j'en profite pour donner mon avis, non sans un peu de blabla de midinette au passage, parce que si les blogs, ça sert pas à ça, ça sert à quoi ?
 
Vendredi 5 octobre, 18h. Je me pointe au 46 rue Cambon à Paris. Il y a déjà bien la queue. Comme je m'imaginais que le public serait peuplé de donzelles sapées comme Carrie Bradshaw, j'ai voulu me la jouer « rédactrice de mode trop dans le coup », alors j'ai fait pêter le trench rose, la jupe tulipe et les escarpins au top de la sexy attitude, le genre qu'on ne met que pour des rencards ou sortir en boîte. Finalement, quelques nanas ont sorti le grand jeu, mais pas tant que ça. Moi, je suis pas très douée en style. Au primaire, ma mère me mettait des chemises à grand col. Au lycée, je portais des chaussettes à rayures. Et aujourd'hui, même si j'ai amélioré mon style, je suis rarement d'accord avec la mode que je vois dans Grazia et cie. Mon style, des fois ça le fait, des fois ça le fait pas. Mais ce vendredi 5 octobre, je crois que ça va. Comme on nous fait poireauter devant le pavillon, je mate les tenues des meufs. Une des mieux sapées, c'est sans doute cette nana grande et très mince, qui sur le trottoir d'en face, s'affiche avec un ensemble pantalon et veste de tailleur écrus, chaussée d'escarpins bleus de 12 cm. Elle a la super classe, le profil type de ces vraies rédactrices mode qui croisent et décroisent leurs jambes au premier rang en se la pêtant dans le genre "t'as vu, moi aussi je suis prête à défiler". J'ai une admiration particulière pour celles qui font leur vie normal en talons de 12 cm, comme si elles étaient nées avec en fait. J'appelle ça les « talons de potiche » ou « talons de pot de fleur » comme vous préférez. Ceux sur lesquels les stars se perchent sur les tapis rouges pour taper la pose, ceux que personnellement, je mets que pour faire la potiche, c'est-à-dire quand je suis sûre que je vais faire la statue toute la soirée, et pas faire plus de trois pas, donc c'est-à-dire, comme je suis pas une star, que j'ai pas de taxi privé ni de carosse ni de prince charmant pour me porter au cas où mes pieds tomberaient dans le coma, ben jamais, en fait. Je suis pratiquement tout le temps en talons, mais le 12, les échasses là, je peux pas. Trop haut, trop mal, trop galère. Donc je fais avec du 8 ou du 10, c'est déjà pas mal. Bref, tout ça pour dire qu'avec mes talons de 10 cm, je suis venue pour assister à un sacré événement, la Black Fashion Week.

La Black Fashion Week ? Qésaco, me demandes-tu ? « Tu veux dire par là, une fashion week tout en noir, avec un défilé exclusif de meufs déguisées en Dark Vador ? Ou de gothiques ? Ah non, d'accord, j'ai compris, suis-je bête ! Tu veux sans doute dire, une fashion week pour les Black, avec des Black et faite par des Black ? Oh my god, choking ! Vade retro Satanas ! Qu'est-ce que c'est que cette mascarade communautaire, encore ? ». Hop hop hop, je t'arrête tout de suite. Non, non, l'ami, ce n'est pas ça du tout, tu te plantes, tu te gourres, commence pas avec ce refrain !

Je t'explique. La BFW est née de l'idée géniale de la styliste sénégalaise Adama, plutôt célèbre dans le milieu de la mode afro, qui veut que cette mode soit mieux reconnue internationalement parlant. En fait, elle a lancé une fashion week afro déjà depuis une dizaine d'années à Dakar. Mais la première édition de ce qu'elle a voulu appeler la BFW a eu lieu l'an dernier à Prague. Cette année, il fallait que ça se passe à Paris. Mais l'initiative a été aussitôt critiquée, notamment par des présidents d'associations anti-racisme, les mêmes qui avaient râlé contre la première édition de Miss Black France en avril dernier. Ouais, on va nous coller une étiquette, ouais, c'est quoi cette France de l'apartheid, les Blancs d'un côté, les Noirs de l'autre ? Ça veut dire quoi ce cirque ? Bla bla bla...
 
Black-Fashion-Week-Paris
 
Black et bla bla bla
 
Alors voilà, le même débat, comme à chaque fois que les décideurs d'une minorité, d'un mouvement ou d'une culture prennent une initiative en sa faveur. Certains y verront, encore une fois, un acte discriminatoire et raciste. Ils iront peut-être même jusqu'à dire, à la Jean-François Copé tant qu'on y est et puisque le terme est à la mode, que la BFW fait du racisme anti-blanc. Car oui, que se passerait-il si on baptisait la Fashion Week, la « White Fashion Week » ? A ce type d'objection, Adama rétorque tout sourire : « La Fashion Week est déjà white de toute façon ! ». Mais c'est clair ! Et moi j'ajoute que dans un pays où les Noirs sont minoritaires, à raison d'un pourcentage inférieur à 10, il est de toute évidence inutile de qualifier quoique ce soit de « white ». C'est juste un pléonasme. En revanche, si les artistes de la diaspora noire mettent du « Black » à leurs concepts, c'est bien parce qu'ils sont minoritaires. Mais comme on considère que c'est pareil, là tout de suite, oh my god ! Communautariste, va ! Dans une ITW parue sur le site madmoizelle.com, lorsqu'on lui demande si elle n'a pas peur de tomber dans le clivage, Adama répond : « Non, ce n’est pas un projet sectaire, ce n’est pas fait par les noirs pour les noirs ». En fait, elle a juste voulu donner un qualificatif significatif, voilà tout.

Elle a eu raison, car j'ai envie de dire, non sans un petit clin d'oeil à une émission de radio que j'apprécie, on va s'gêner tiens ! D'une part, c'est bien pour souligner la spécificité d'un concept qu'on se permet de mettre du « Black » par ci et par là. Ainsi, lorsqu'on fréquente de près ou de loin le milieu afro-parisien, on est pas choqué de voir qu'il existe un « afro-work » à Paris. L'afro-work, c'est un afterwork, mais avec plein de Noirs dedans. Une soirée comme une autre et ouverte à tous, mais dans laquelle les jeunes franciliens aux origines afro-caribéennes savent qu'ils ont la possibilité de se rencontrer et de danser sur de la musique aux influences noires telles que le RNB, le hip hop, le zouk, le ragga... Au même titre, il existe ce que tout le monde appelle sans que cela pose problème à quiconque des « boîtes black » ou « boîtes afro », c'est la même chose en fait. Ces boîtes sont fréquentées à 90% par des Noirs, parce que de toute façon, surtout en province, ils se font recaler dans les autres boîtes, et en outre, sans vouloir faire des généralités, la plupart d'entre eux préfèrent danser le kuduro par exemple, que la house. Ensuite, toutes les femmes noires vont dans des « salons de coiffures afro », nombre d'entre elles lisent Amina et Brune, et certaines fréquentent des sites de rencontres pour les Noirs. Où est le problème ? Est-ce que ces endroits-là sont pour autant fermés aux Blancs, aux Métis, aux Asiatiques, aux Arabes, aux Latinos et tous les autres ? Est-ce que fréquenter ces lieux fait d'un Noir un vilain communautariste ? Communautarisme par ci, communautarisme par là, faut arrêter ce débat à la noix de coco ! Le communautarisme existe, certains le pratiquent réellement, c'est vrai, on ne peut le nier. Mais la Black Fashion Week peut pas être taxée de communautarisme. Crotte de bique à la fin !

Elle est née d'un constat. Le constat d'un vide, d'une absence qu'il fallait combler. Celui qui a fait que des boîtes afro-antillaises ont ouvert, que des magazines féminins black ont été fondés, finalement. C'est tout. L'idée est simple. On nous fait pas de place ? Ok, alors on va s'en faire une dans petit un coin, par là, et ceux que ça intéresse n'ont qu'à se joindre à nous, tout le monde est le bienvenu, car plus on est de people, plus on rigole ! La BFW veut tout simplement faire de la pub à la mode afro-caribéenne peu connue du public occidental, faire connaître des stylistes étrangers ou d'origine étrangère dont on parle peu ici et par la même occasion offrir des opportunités à des mannequins qui désertent habituellement nos podiums, car boudés par des grands couturiers assez frileux, disons-le. La BFW est pas une invitation à s'enfermer dans une case, à rester entre Noirs, à créer une mode 100% black, ou à tout ce qui pourrait s'apparenter à une dérive sectaire, pas plus que Miss Black France.

Grâce à ce passage de la BFW à Paris, les médias, les acheteurs et les amateurs de mode ethnique ou de mode tout court, qu'ils soient Noirs, Blancs, Roses, Verts ou Mauves (avec 90% de Noirs et Métis, sans surprise) ont pu assister à un spectacle rare et magique. Et en sont tous sortis les yeux pleins de rêves. Une douzaine de créateurs venus des quatres coins d'Afrique mais aussi des Etats-Unis et des Antilles ont eu l'opportunité de présenter leurs toutes dernières collections durant deux jours. Des mannequins canons - principalement d'origine africaine, c'est vrai et alors ? - ont défilé dans des tenues aux influences diverses et perchées sur des talons de... 50 cm ? Sans déc, ouch ! J'avais mal aux pieds pour elles ! Le show était superbe, et les spectateurs conquis. Depuis notre balcon avec ma voisine, on faisait des « ooooh » et des « aaaaah ! » d'admiration, on applaudissait et on se disait « Ben dis donc, j'irais peut-être pas bosser dans cette tenue ». Y'avait même du mec dans le défilé, et on voyait des meufs faire les hystériques au premier rang. Les tenues étaient évidemment toutes plus surprenantes les unes que les autres. Là, ma voisine disait « Ben dis donc, je laisserais pas mon mari sortir comme ça ».

Moi, je suis Noire et je connais pas grand-chose de la mode africaine et de ceux qui la font, donc je découvre petit à petit, et ça m'a fait plaisir de voir ça. Parce que c'est pas dans les magazines Grazia et Be qu'on m'en parle. Parce que c'est pas dans les défilés de Jean-Paul Gaultier que je la vois. Parce que c'est pas à H&M que je la rencontre. Mais attention, je tiens à préciser qu'à titre personnel, je suis pas spécialement dérangée par le fait que ces magazines, que ces défilés, que ces créateurs et que ces marques s'y intéressent peu, dans la mesure où l'idée leur vient pas forcément tout de suite à l'esprit. J'en veux pas spécialement aux rédactrices mode de Be de zapper les mannequins noirs et les stylistes africains, qui restent minoritaires ici. Mais ce que je regrette, ce sont les remises en question de l'existence de créations tels que  Fashizblack, un mag indépendant 100% mode afro qui déchire tout, ou d'événements tels que la Black Fashion Week. J'y suis allée. Je suis venue, j'ai vu, et je suis convaincue.

Foutons donc la paix aux « Black » actions. Et au lieu de déclencher des polémiques stériles autour de tout événement auquel on prête grossièrement une couleur de peau, une communauté ou une culture, contentons-nous d'apprécier les échanges, les rencontres et les découvertes qu'il occasionne, car c'est le but, en fait. Allez, quoi, y'a pas de galère !
 
 
 
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23 septembre 2012 7 23 /09 /septembre /2012 19:56
13h30, vendredi 21 septembre. Je viens de finir le boulot, je m'engouffre dans le métro au terminus de la ligne 10 à Boulogne. Je vais arriver pile poil pour l'événement de la semaine, le timing est niquel. J'arrive devant l'hôtel de ville de Vincennes autour de 14h45. Un attroupement de gens sous des parapluies patiente avec une visible impatience. Moi j'ai pas de parapluie, mais heureusement il ne fait que pluvioter, rien de méchant. On est tous venus pour elle, l'illustre Toni Morrison. C'est elle l'invité d'honneur du Festival America. D'elle, je n'ai lu que Sula il y a quelques années. Mais je sais, comme tous ceux qui sont là, que c'est un monument de la littérature noire américaine. J'avais même oublié que j'ai failli faire mon mémoire sur elle, comme le montre cette intervention effectuée sur un forum. Et j'ai bien sûr l'intention de découvrir toute sa bibliographie, à commencer par son tout dernier roman qui vient de paraître, Home. Je pouvais pas rater Toni. Au bout de dix minutes, on finit par nous faire rentrer. Mais, pas de bol, c'est comme si on était en retard, la salle des fêtes de la mairie est déjà pleine à craquer. Pour espérer avoir une place, il aurait fallu débarquer un petit peu plus tôt. Les agents d'accueil du Festival America nous disent : « Non là côté sécurité, ce serait pas raisonnable de faire rentrer plus de monde ». Toutes les places assises sont prises, y'a des gens assis parterre, debout, partout. Je suis un peu deg. Mais heureusement, dans le hall, un grand écran va tout diffuser. Donc on la verra même en gros plan, on verra même ses trous de nez, limite. Une chance que n'auront pas les gens qui vont la voir en vrai mais de loin, au fond de la salle. On se met où on peut, accoudés aux rembardes, sur les escaliers, contre les murs.
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Toni Morrison apparaît, coiffée de longues dread locks et d'un chapeau, et deux personnes l'aident à prendre place. L'entretien commence, la foule se met à l'écouter dans un silence religieux. On se croirait à la messe. Elle est interrogée surtout sur son dernier roman bien sûr, Home, le choix du titre, le choix du personnage, son évolution, sa quête, les femmes du roman, les villes. D'habitude, avec Toni, ce sont des héroïnes. Cette fois, elle a voulu raconter l'histoire d'un homme, meurtri par la guerre en Corée et qui part retrouver sa sœur en danger de mort en Géorgie. Comme toujours, le thème de la ségrégation raciale domine. La grande dame sait de quoi elle parle, elle est née en 1931. A l'époque, on lynchait un noir juste parce qu'il avait osé regarder une blanche. L'air très fatigué, l'écrivaine répond aux questions avec une voix grave et berçante. C'est vraiment con que je sois si nulle en anglais, car je comprends que dalle à ce qu'elle raconte, et pourtant, elle parle pas vite. Va falloir que je fasse quelque chose. Son interprète, apparemment une amatrice qui s'est dévouée bénévolement, assure pas mal. Il faut être balaise, pour traduire intégralement en direct live des réponses qui font jusqu'à 3 minutes. Quand à la fin, on lui demande quels sont ses modèles littéraires, elle cite ses trois mentors : William Faulkner, sur lequel elle a écrit sa thèse, James Baldwin, et Gabriel Garcia Marquez. Quand on l'interroge sur son prochain roman, elle annonce qu'il se déroulera à notre époque. Et d'ailleurs, elle avoue que ça la fait un peu flipper, car elle n'a aucune emprise sur le monde moderne, elle se sent un peu larguée. En tout cas, on espère qu'elle nous abreuvera encore de sa richissime littérature un moment.

A la fin de la rencontre, je me rends compte que je suis pile au bon endroit, là où commence à se former la queue pour la dédicace. Trop de la boulette. Voilà l'avantage de n'avoir pas pu rentrer dans la salle. Un mec nous prévient : « La séance dédicace va durer peu de temps, tout le monde n'y aura pas droit, mais c'est comme ça. On va faire ça dans le calme. Vous pourrez toujours retenter votre chance demain ou dimanche au Centre Georges Pompidou. C'est déjà un grand honneur qu'elle nous fait d'être là pour trois jours ». Moi je suis parmi les premiers dans la file d'attente, donc je me fais pas de souci pour ma pomme. Comme mes voisins de queue, armée du bouquin Home et d'un papier avec le prénom et celui de ma mère pour la dédicace, j'attends tranquillement. Ma voisine, une jeune femme qui doit avoir mon âge, me dit : « Excuse-moi, ça te dérangerait pas de me prendre en photo avec elle, quand on passera ? ». Ben pas de souci, pardi. Sans bousculade, on nous donne des petits papiers avec des numéros et on nous fait défiler les uns après les autres. Mais y'aura pas de dédicace personnalisée, ni de photo avec elle, fallait pas rêver. C'est pas grave, je me suis doutée que ça se passerait comme ça. Je dégaine mon appareil photo, je m'énerve dessus car toutes mes photos sont floues. En fait il est tout neuf et je sais à peine m'en servir. La pas-douée ! Mes photos sont floues, alors que je suis à un mètre de Toni Morrison, et que ça m'arrivera certainement pas une deuxième fois dans ma vie. Heureusement, avant qu'on me chasse du périmètre de la dédicace, j'arrive à prendre une photo nette. Ouf ! Les flashs crépitent, on est tous en mode « paparazzi ». Je regarde la grande dame, elle me regarde, on se sourit, et je file. Waouh ! J'échange trois mots avec ma voisine de queue, on est toutes contentes d'avoir eu notre dédicace. Je regarde, l'autographe est carrément illisible. La grande dame a apparemment écrit son nom.

Une nana d'une quarantaine d'années nous aborde, « Hey les filles, vous avez eu votre dédicace ? Je peux filmer ça ? ». Elle sort carrément une caméra, nous demande de montrer la dédicace, nous explique qu'elle prépare un petit documentaire amateur et qu'elle aimerait bien nous interroger rapidement. Euh sérieux là ? Mais pour dire quoi ? Même pas le temps de dire ouf, je suis pour la première fois de ma vie interviewée à chaud, comme ça, prise au dépourvu, juste parce que c'est tombé sur moi. Alors quand la nana me demande ce que représente Toni Morrison pour moi, j'aligne ma phrase avec grande difficulté, en hésitant, en bafouillant, et tout ce que je trouve à dire, c'est que... euh... ben... je dirais que c'est la grande voix de la littérature noire américaine féminine ?... Franchement, y'a rien à faire, je suis une quiche à l'oral. C'est d'ailleurs pour ça que j'ai renoncé à intégrer une école de présentateurs télé, dans laquelle j'avais pourtant été admise en 2010. Mon destin, c'est d'écrire derrière mon PC, pas de présenter les infos à la télé ou me pavaner dans des talk-shows. Je m'y vois mal. A la fin de l'ITW improvisée, alors que je lui dis que j'ai été nulle, la nana me répond « mais non c'était très bien, c'est pas drôle quand on a affaire à un discours tout préparé ». Ah bon ? Mouais, j'sais pas. La prochaine fois que je sortirai dans un événement médiatique, je préparerai des réponses d'avance alors. Parce qu'apparemment, les personnes interviewées ne sont pas toujours celles qu'on croit. Ma voisine subit le même sort, pas super à l'aise non plus. La nana nous remercie et range sa caméra.

Je sors de la mairie avec ma nouvelle camarade, qui me dit qu'elle écrit une thèse sur le thème de l'idendité dans l'oeuvre de Toni Morrison. Waouh. Moi je me suis arrêtée au mémoire de Master 1 de 70 pages, j'en ai bien chié même si c'était une expérience édifiante, et donc je ne peux qu'admirer les thésards. Et toi qu'est-ce que tu fais ? Me demande t-elle. Oh, moi j'essaie de devenir journaliste. Pour le moment, je pense plus que je n'écris, mais bon, on va s'y mettre hein. En tout cas, je m'intéresse aux littératures noires de près depuis plusieurs années, et je trouve dommage que les travaux des universitaires aient si peu de visibilité, je trouve con que des gens se creusent la tête pendant 3 siècles pour écrire des trucs de 300 pages sur des sujets hyper pointus, qu'au final pas grand-monde lira, et ce serait bien que des journalistes s'y penchent un peu de temps en temps. Moi-même, j'aurais bien aimé que mon mémoire intéresse des gens, ne serait-ce que pour le temps que j'y ai passé dessus, mais y'a que moi, mon prof et ma mère qui l'avons lu. Alors, gardons contact... Tandis qu'on s'échange nos numéros, ma camarade me donne un petit coup de coude. Toni Morrison est entrain de sortir de la mairie en fauteuil roulant. La pauvre dame n'est plus très en forme, mais on lui souhaite quand même longue vie. Allez, à un de ces quatre, j'espère, Madame Morrison. Merci pour cette heure en votre compagnie, pour la photo et la dédicace. Que personne ne vienne m'emprunter ce bouquin, je lui prêterai pas. Une dédicace de Toni Morrison, c 'est trop sacré.
 
 
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13 mars 2009 5 13 /03 /mars /2009 21:30

Eh oui ça y est, j’ai VU Calixthe Beyala au Furet du Nord aujourd’hui vendredi 13 mars. Je suis arrivée à laboure, à la fin de la rencontre-débat, donc je ne peux rien retransmettre de ce qui a été dit sur son dernier roman Le roman de Pauline. J’ignore si c’est le jour qui ne lui a pas porté chance, mais y’a que 3 pèlerins qui ont fait dédicacer le livre, dont moi. Vive Lille ! La littérature africaine n’est décidément pas mise en avant. La dame aura sans aucun doute plus de succès demain au Salon du Livre de Paris qui vient d’ouvrir ses portes. Son dernier bouquin en tout cas fait beaucoup parler de lui dans le milieu littéraire depuis qu’il est sorti en février 2009, parce que comme d’habitude, la reine des lettres africaines a tapé fort. Ça parle d’une nénette métisse de 14 ans du 93, Pauline en effet, qui est en pleine rébellion, et puis bien sûr il va lui arriver plein de trucs de fou. Les héroïnes de Beyala sont des sacrés personnages qu’on n’oublie pas, plus ou moins déjantées, et c’est ça le must. Ses sujets de prédilection sont l’identité noire, l’amour, la condition des femmes, l’immigration, la misère, tout ça abordé avec franchise et causticité. Calixthe Beyala, ah la laaa, ce serait trop long d’en parler. Et puis comme je le disais, j’ai commencé un mémoire (enfin je vais, plutôt) sur elle qui a pour sujet exact : « Figures de la marginalité féminine dans l’œuvre de C.B. ». L'étude va porter sur 3 de ses bouquins : Assèze l'Africaine (1994), Les honneurs perdus (1997) et Amours sauvages (1999). Si vous voulez savoir ce que ça va donner, rendez-vous en fin juin.

Toujours est-il qu’elle m’a accordé une conversation privée d’environ 10 minutes sur la Grand Place en sortant du Furet, et ça, j’étais obligée de vous le dire !

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16 février 2009 1 16 /02 /février /2009 20:00

Depuis quelques années, l'écrivain Alain Mabanckou, quadragénaire sympathique, inséparable de son béret (au point qu'il ne se décoiffe pas dans les conférences), est la nouvelle star de la scène littéraire africaine francophone. Sujets sensibles, écriture truculente et humour burlesque au programme. Alain Mabanckou est pour moi une version masculine de l'écrivaine camérounaise Calixthe Beyala (au passage, sujet de mon mémoire de master!).
L'auteur était présent mardi 10 février à la librairie Mollat (Bordeaux), pour une conférence-débat autour de son dernier roman. Une petite cinquantaine de Bordelais y ont assisté pour un petit moment convivial de présentation et d'échange.

Après les cartons de Verre cassé (2005) et Mémoires de Porc-Epic (2006), voilà un retour qui promet de secouer, avec un titre choc: Black Bazar paru en janvier. Et pour preuve de succès, il a été classé parmi les 20 meilleurs romans de la rentrée littéraire par Libé, l'Express et le Nouvel Obs. Mabanckou raconte dans ce dernier roman les tribulations d'un jeune black Parisien élégant, qui après s'être fait larguer, va errer dans le fameux quartier de Château Rouge, à la recherche de l'amour, de l'amitié, de lui-même et de l'écriture. L'action tourne autour du chaleureux bar le Gip's, où les gens se chamaillent sans cesse sur tout et rien. D'ailleurs Mabanckou a rapporté une anecdote qui a fait sourire: les habitués du bar, qui existe vraiment, se sont réellement mis à se disputer sur la distribution de leurs rôles dans le roman après sa lecture. Quand la fiction devient réalité, c'est le (Black) Bazar en authentique.

Je n'en dirai pas plus car je n'ai moi-même pas encore lu le livre, bien que je n'aie pas manqué au passage de le faire dédicacer. C'était la 3e fois que j'avais affaire au personnage en chair et en os, je vais finir par me faire griller.

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