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  • : Candidette à Journalism-Land
  • : Blog pas très sérieux d'une Candidette (féminin de Candide) qui s'éclate à Journalism-land, cet univers impitoyable. Au programme: splendeurs et misères du métier, stages et premiers boulots, coups de coeur et coups de gueule, commérage et babillage sur les médias, tout ça avec une bonne dose d'optimisme et de jovialité.
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15 octobre 2013 2 15 /10 /octobre /2013 21:14

 

Gazety (« journal » en malgache pour info, mieux vaut tard que jamais), l'aventure se termine. Comme vous le voyez, ce blog est mort. Mais pas seulement. Je le décrète moyen-âgeux et obsolète. Il a presque 5 ans faut dire. Et vous savez tous combien les choses vont vite sur le web. L'info est rapidement dépassée, la gueule des blogs est vite jugée un peu vieillote. Depuis, ma vie et mes projets professionnels ont changé. Moi-même j'ai changé, et heureusement pour moi hein c'est un peu la vie. J'ai certainement dit des choses ici que je ne pense plus aujourd'hui. Candidette à Journalism Land est un peu moins candide quand même et puis c'est plus vraiment Journalism Land. Je voulais être journaliste, j'avais même tenté les concours en 2009. Jusqu'à présent, je ne l'ai jamais vraiment été. Je suis plutôt dans la rédaction et j'ai envie d'y rester, mais d'évoluer un peu plus avec mon temps. Comme je me définis sur Twitter, je suis une rédactrice préhistorique en voie de modernisation. Je suis donc entrain de préparer l'ouverture d'un nouveau blog, qui devrait être un peu plus stylé, plus animé, plus multimédia, dans lequel je parlerai certes des métiers de la rédaction, mais aussi de trucs qui n'ont rien à voir, ce sera un joyeux bordel. Car j'ai toujours été une pipelette à l'écrit et que les blogs, je trouve ça décidément vraiment génial. Rendez-vous sur http://lalegeretedeslettres.wordpress.com/ pour la suite !

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28 octobre 2012 7 28 /10 /octobre /2012 16:21

Salut mes petits chats ! Cherchez pas, y'a des jours, je suis d'humeur « lemercienne ». Et puis c'est pas ma faute, c'est à force d'écouter au boulot Anaïs Petit imiter Valérie Lemercier dans le Grand direct des médias sur Europe 1. Bref. Aujourd'hui, j'ai envie de vous parler des études de lettres. Pour moi, la question ne s'est pas posée, tant mieux. Après un bac L, j'y ai foncé les yeux fermés, c'est vraiment ce que je voulais faire. Et dans un coin de ma tête, j'avais déjà dans l'idée de devenir journaliste, et donc de me diriger vers une formation adéquate après quelques années de fac, même si finalement j'ai bifurqué entre deux. Aujourd'hui, je regrette rien et si c'était à refaire, c'est là que je retournerais encore.


Tu es lycéen en première L, lecteur et disserteur de la première heure, ou étudiant en biologie moléculaire secrètement épris de Zola, Flaubert et leurs amis, ou pâtissier blasé des éclairs au chocholat et en quête de gourmandises littéraires, ou encore financier de banque aigri de la vie et plus amoureux des belles letttres que des beaux chiffres ? Ok, d'accord. Lis, écris, disserte, émerveille-toi tant que tu voudras, mais surtout, réfléchis avant de courir t'inscrire en fac de lettres. Je vais te dire pourquoi, et si ça t'intéresse d'avoir l'avis d'une ex-étudiante en lettres assumée, ben lis.

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Des études de lettres, oui mais pour quoi faire ?


Je me souviens d'une soirée chez un ami. On était en 2e année de lettres modernes, on avait 20 ans et c'était le bon vieux temps. Ce soir-là, on avait raconté beaucoup de conneries, comme souvent, et on avait conclu, tandis qu'on pérorait sur notre avenir : « De toute façon, avec un bac+5 en lettres, on va tous finir soit profs soit acteurs porno et puis c'est tout. Et à 45 ans, on publiera nos mémoires. L'avantage pour nous ex-étudiants en lettres, c'est qu'on n'aura pas besoin d'un nègre pour les écrire ! ». Puis on avait éclaté de rire grassement, bande de bêtas insouciants que nous formions. Aujourd'hui, parmi les gens dont j'ai encore des nouvelles, deux sont profs de français contractuelles, un est pigiste, un autre intermittent du spectacle, une autre a repris des études en école d'ortophonie, une autre est employée administrative mais au chômage à l'heure actuelle... Faire lettres, tout le monde le sait, ça peut être synonyme d'avenir galère, à moins qu'on ait déjà des objectifs précis qui collent à ces études, des ambitions concrètes et de la motivation à toute épreuve. Alors soyons clairs, il n'y a pas 56 débouchés :

  • instit ou prof de français

  • métiers du livre (librairie, bibliothèque, édition)

  • métiers de l'écrit (journalisme, rédaction, correction, conception-rédaction...)

  • métiers de la culture de manière générale (administration du patrimoine, des musées, des arts du spectacle...)

Et si tu consultes notre ami Google, tu trouveras à peu près la même chose que ce que je te raconte là.


Si t'as pas du tout l'intention de te diriger vers une de ces branches-là et que tu vas en lettres, c'est que :

  • soit tes parents sont des profs de lettres qui ne jurent que par leur boulot, ils veulent que tu fasses pareil et te forcent, et là, c'est tout de même grave, n'est-ce pas, docteur !

  • soit t'es une brebis égarée qui s'est retrouvée là parce que la prairie te semblait paisible et que tu t'es dit « tiens, si je broutais l'herbe ici ? », en attendant que le berger de tes rêves vienne te chercher. Tu sais pas tellement ce que t'aimerais faire, tu changes d'avis tout le temps, y'a rien qui te passionne spécialement et tu te sens paumé, t'as pas de boussole quoi. C'est pas grave, va, pas de panique, tu trouveras la voie. Parce que comme dirait le Japonais psychopathe qui poursuit Tintin avec un sabre dans le Lotus Bleu   : « Il faut que vous trouviez la voie. Vous connaîtrez la vérité. Mais d'abord, je dois vous couper la tête ! ».

  • soit t'as conscience que tu traîneras pas là longtemps, t'as suivi tes potes juste pour le fun et pour la gloire. C'est la classe de faire lettres, même si tu vas jamais en cours. En plus, ta cousine est en deuxième année de lettres, elle est en week-end le jeudi matin, elle sort 4 soirs par semaine et c'est l'éclate dans les soirées erasmus. En fait, t'en as rien à taper de perdre un an, deux ans, voire plus, t'as juste envie de profiter de la vie avant de penser aux études sérieusement. Côté finances, t'es peut-être un boursier qui vit au jour le jour, ou tu bosses au Mc Do à temps partiel, ou alors papa-maman veillent au grain. Et tu te dis que tu verras plus tard pour les choses sérieuses, quand ils te sonneront les cloches.

  • soit t'es juste passionné par la littérature mais aucun de ces métiers ne t'attire. Euh...ben...que dire ? C'est balo mais ça arrive hein.

  • soit t'étais juste bourré le jour de ton inscription, et tu t'es inscrit en lettres au lieu de t'inscrire en LEA. 

Il faut savoir tout de même que tous les métiers cités ci-dessus comportent chacun leur lot de galères et de prises de tête, et on les exerce généralement par passion. Si on n'a pas la flamme, on se décourage très vite. Les profs, sacrifiés de l'éducation nationale, sont de plus en plus malmenés et surmenés, se prennent toute la misère du monde en pleine gueule et il faut être un guerrier pour exercer ce taf maintenant. Les libraires bossent comme des dingues en faisant face aux difficultés du monde de l'édition pour pas grand-chose, et tremblent sous la menace de la faillite. Les journalistes mendient du boulot comme des chiens en rut et sont souvent payés au lance-pierre, et je dirais même pour le coup, au lance-os. Et puis, autant on a besoin de profs, c'est même la pénurie; autant des journalistes y'en a trop, personne n'a besoin de nous, et à moins de devenir un journaliste d'investigation qui risque sa vie pour dénoncer les horreurs de ce monde tels des reporters de guerre, on se sentira pas utile. C'est juste qu'on se fera plaisir quoi. Finalement, il n'y a que les gens titulaires d'un concours de catégorie A de la fonction publique qui s'en sortent pas mal, mais bon souvent, ils sont totalement débordés de boulot, à l'image de mon ex-directrice de médiathèque qui tournait à 60 heures par semaine et ne pouvait pas partir en vacances sans retrouver en rentrant une pile de dossiers haute de 3 mètres sur son bureau. En même temps, c'est un peu le lot des postes à hautes responsabilités. Mais faut que le salaire suive. Bon évidemment, je parle là de la majorité. Après y'a des privilégiés, ceux qui ont réussi à se faire une place en or, et qui ne connaissent plus ou pas toutes ces difficultés là, et là je pense par exemple aux profs de fac évidemment, aux rédac en chef de grands journaux, aux journalistes de télé, aux grandes personnalités du monde littéraire et tout le toutim. Ceux-là sont bien la preuve qu'on peut faire lettres et méga hyper bien s'en sortir. Mais pour en arriver là, il faut tout de même être une tronche et avoir sacrément bossé, ou bien alors avoir été pistonné, ça arrive aussi. Les tronches peuvent tout se permettre, prépa lettres, Sciences Po, l'Ecole Normale Supérieure, wouh, soyons fous ! En tout cas, si on n'a pas dans l'idée de suivre un des débouchés que j'ai évoqués, rien ne sert d'aller en fac de lettres, surtout si c'est juste pour le fun ou la glandouille. C'est vrai que tout comme la section L au lycée, l'opinion publique est partagée entre admiration et mépris pour la filière, que certains prennent malheureusement pour une « voie-poubelle ». Beaucoup s'échouent en lettres parce que ça a la réputation d'être une fac tranquille, on peut relativement se la couler douce, on a 16 heures de cours et on n'a pas la pression (bien sûr je parle pas du tout de la prépa, où c'est le contraire). Parfois, les profs eux-mêmes, en particulier les « fins de carrière blasés », se grattent les c...  On croise des allumés du ciboulot, dont on se demande si c'est Proust, ou autre chose qui a rien à voir qui leur a fait pêter un boulon. A titre d'exemple éloquent, un prof dont je viens d'apprendre à l'instant en le googelisant qu'il était mort il y a quelques années. Ce mec, un quasi sexagénaire barbu à l'air assez dégueulasse, était hyper chelou. Je m'étais inscrite à son module en 2e année, un cours sur la peinture dans la littéraure, choisi parmi plusieurs cours. Le premier jour, il nous avait lu un extrait de A l'ombre des jeunes filles en fleurs en fumant en plein cours et avec l'air d'avoir envie de se flinguer. Puis d'un coup, au bout d'un quart d'heure, il avait pêté les plombs et interrompu le cours sans explications en disant « Bon, c'est bon, cassez-vous, j'en ai assez pour aujourd'hui ». Des rumeurs circulaient sur son compte, il était reputé pour être sympa mais barjo, en fait. La deuxième fois, tandis qu'une fille papotait avec sa voisine pendant son cours, il l'avait interpellée en s'exclamant, laissant l'assemblée sur le cul : « Oui bon mademoiselle, on s'en fout, que votre mec il vous a bien enculée ce week-end ! ». Stupeur et tremblements ! Ni une ni deux, un peu effrayée à l'idée qu'il récidive à chaque fois en proférant d'autres absurdités vulgaires et irrespectueuses, j'ai pris mes jambes à mon cou pour m'inscrire dans un autre cours. Heureusement, ce genre de cas reste quand même rare. Et puis bon, bien que choqués, avec un peu de recul, on pouvait pas s'empêcher d'en rire. A côté de ça, peu de profs parviennent à passionner les foules, c'est pas évident. En quatre ans passés à Lille 3, seuls deux d'entre eux m'ont marquée. Ma prof de littérature médiévale de 2e année, une trentenaire hyper dynamique qui m'avait fait kiffer Le chevalier au lion de Chrétien de Troyes à fond les ballons. Et mon prof de littérature francophone, un gars super cultivé, boute-en-train et drôle, qui a été mon directeur de mémoire. Et si je devais citer des œuvres étudiées en cours qui m'ont bouleversée, je citerais  Don Quichotte de Cervantès, et surtout Delphine de Mme de Staël. Moi ce que je reproche aux études de lettres, c'est d'être trop enfermées dans des programmes, des auteurs, des œuvres en particulier. Selon moi, ce serait beaucoup plus intéressant si on ne passait pas un semestre entier par cours sur un thème et une œuvre, mais si pendant ce semestre, on étudiait par exemple les différents auteurs, de plusieurs époques et de plusieurs pays, d'un courant littéraire. Exemple ! Au lieu de passer 3 mois sur Antoine et Cléopâtre de Shakespeare, on passerait 3 mois sur le théâtre tragique de manière générale, en se penchant sur l'histoire de ce genre, en analysant plusieurs œuvres, plusieurs auteurs à la fois, sans pour autant les étudier en entier ni avoir besoin de les acheter. En gros, je trouve que les programmes devraient être plus complets, plus ouverts et plus éclectiques. Je sais pas si j'ai été claire, mais bon, les concernés comprendront peut-être, enfin j'espère. Toujours est-il que j'ai passé de douces années sur les bancs de la fac, je ne dirai pas le contraire. Quelques matières m'ont saoulée, genre l'ancien français que j'avais en horreur et dont je voyais pas du tout l'intérêt, mais sinon, j'ai le souvenir de bien de parties de plaisir. Et à moi en tout cas, ça m'a pas servi à rien, loin de là.


Qui sont ces étudiants en lettres ?


A la fac de lettres, on rencontre plusieurs types de profils d'étudiants, que selon moi on pourrait classer, pour faire vite, en quatre catégories. Evidemment, je vais schématiser. Donc ne m'en veuillez pas si vous ne vous retrouvez dans aucun de ces portraits grossiers. 

Y'en a, en minorité mais bien présents, qui sont là par amour passionnel. Ceux-là, que je qualifierais de « littéraires fous furieux », y croient à fond, lisent Platon et Proust comme ton arrière-grand-mère lit des Harlequin ou ta tante du Marc Lévy, ont 18 en dissertation tellement ils sont brillants. La littérature, c'est toute leur vie, c'est leur seule religion, ils font l'amour avec Baudelaire ou Louise Labé, ils adorent débattre sur des sujets hyper pointus, genre le complexe avaricieux chez les personnages de Balzac, et ne jurent que par la thèse, cette suprême consécration. Y'en a qui sont là par amour de la littérature, mais un amour raisonnable, paisible, et je me mets dans ce lot-là, de ceux que je surnommerai les « littéraires doux rêveurs ». Ils adorent lire, écrire, découvrir des auteurs et des courants littéraires, se rêvent agrégés, journalistes ou éditeurs. Mais rendent leurs commentaires composés à labourre comme les autres, ont la flemme de lire Proust parce que c'est relou et qu'ils n'y comprennent pas grand-chose, sèchent les cours d'anglais parce que ça les ennuie. Cela dit, ils se débrouillent toujours pour finir l'année avec au moins 12-13 de moyenne, parce que mine de rien, ils bossent quand même, dans tout ça. Ensuite, il y a les « littéraires sans-abri », ceux qui ont atterri là parce que bon, ils ont fait L, trouvent Zola et Racine sympas, et ils ne se savaient pas trop où aller après le bac, finalement. Ils ne cessent de dire que la fac ça sert à rien, n'ont aucune idée de ce qu'ils feront plus tard, traînent des pieds dans les couloirs de la fac, et valident leur année de justesse, avec difficulté ou pas du tout. Enfin, il y a les « littéraires touristes », ceux qui se sont retrouvés là par hasard, sans aucune conviction ni passion, qui sont là en observateurs, parce que quand même, c'est cool, de dire qu'on va à la fac, et puis, lettres en plus, ça le fait trop quoi. En général, ceux-là ne font pas long feu. Un semestre, un an au plus, puis bye-bye. Ok, les lettres, c'est plus relax que la psychologie ou la chimie, bien moins dur, moins éprouvant, c'est clair comme de l'eau de roche. Mais tout de même, la fac de lettres, les enfants, c'est pas un hébergement d'urgence.

 

 Plan B pour les bac + 5 en lettres


Cela dit, pour ceux qui n'auront pas pris les lettres pour une fac bouche-trou et qui seront restés jusqu'au bout sans pour autant savoir où aller, y'a un super plan B et c'est nouveau, depuis 2007. Mais attention, ce plan, c'est soit pour ceux que la gestion de risques excite (euh... ben pourquoi pas ? Chacun ses goûts hein), soit pour ceux qui veulent un CDI là tout de suite maintenant et avoir une vie confortable sans souci matériel avec un bac +5 en lettres. L'ENASS, l'école des formations dans les assurances, propose un programme baptisé Elsa, un M2 pro spécialement dédié aux étudiants issus de fac de sciences humaines, donc aussi bien de socio, d'histoire que de lettres. Il s'agit d'une formation en alternance adaptée à eux, ils sont pris en contrat pro pour un an et ont la garantie de trouver du boulot stable et bien payé juste après, parce que les assurances, c'est un secteur qui connaît pas la crise, et tu peux y entrer avec un salaire plutôt attractif. Les assureurs sont en manque de collaborateurs, et les étudiants issus des sciences humaines possèdent des qualités qu'ils ne trouvent pas forcément chez les autres. Et c'est de ce constat qu'est né le dispositif Elsa de l'ENASS. C'est le plan B pour les littéraires qui ne rêvent plus, qui en ont marre de galérer dans des domaines bouchés où personne ne les attend, qui veulent surtout être tranquilles et je les comprends. En tout cas, étudiants et futurs étudiants en lettres, quelles que soient vos ambitions ou non ambitions, je vous souhaite bon courage. Mais une chose est sûre, les études de lettres, quand on aime la littérature, c'est bon pour le moral.

 

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15 octobre 2012 1 15 /10 /octobre /2012 18:43
J'ai découvert la mode afro lors d'un défilé du créateur Sadio Bee en 2010, et j'ai eu un gros coup de cœur. Alors la Black Fashion Week, une première en France, il fallait que j'y sois. J'ai adoré et adhéré et j'en profite pour donner mon avis, non sans un peu de blabla de midinette au passage, parce que si les blogs, ça sert pas à ça, ça sert à quoi ?
 
Vendredi 5 octobre, 18h. Je me pointe au 46 rue Cambon à Paris. Il y a déjà bien la queue. Comme je m'imaginais que le public serait peuplé de donzelles sapées comme Carrie Bradshaw, j'ai voulu me la jouer « rédactrice de mode trop dans le coup », alors j'ai fait pêter le trench rose, la jupe tulipe et les escarpins au top de la sexy attitude, le genre qu'on ne met que pour des rencards ou sortir en boîte. Finalement, quelques nanas ont sorti le grand jeu, mais pas tant que ça. Moi, je suis pas très douée en style. Au primaire, ma mère me mettait des chemises à grand col. Au lycée, je portais des chaussettes à rayures. Et aujourd'hui, même si j'ai amélioré mon style, je suis rarement d'accord avec la mode que je vois dans Grazia et cie. Mon style, des fois ça le fait, des fois ça le fait pas. Mais ce vendredi 5 octobre, je crois que ça va. Comme on nous fait poireauter devant le pavillon, je mate les tenues des meufs. Une des mieux sapées, c'est sans doute cette nana grande et très mince, qui sur le trottoir d'en face, s'affiche avec un ensemble pantalon et veste de tailleur écrus, chaussée d'escarpins bleus de 12 cm. Elle a la super classe, le profil type de ces vraies rédactrices mode qui croisent et décroisent leurs jambes au premier rang en se la pêtant dans le genre "t'as vu, moi aussi je suis prête à défiler". J'ai une admiration particulière pour celles qui font leur vie normal en talons de 12 cm, comme si elles étaient nées avec en fait. J'appelle ça les « talons de potiche » ou « talons de pot de fleur » comme vous préférez. Ceux sur lesquels les stars se perchent sur les tapis rouges pour taper la pose, ceux que personnellement, je mets que pour faire la potiche, c'est-à-dire quand je suis sûre que je vais faire la statue toute la soirée, et pas faire plus de trois pas, donc c'est-à-dire, comme je suis pas une star, que j'ai pas de taxi privé ni de carosse ni de prince charmant pour me porter au cas où mes pieds tomberaient dans le coma, ben jamais, en fait. Je suis pratiquement tout le temps en talons, mais le 12, les échasses là, je peux pas. Trop haut, trop mal, trop galère. Donc je fais avec du 8 ou du 10, c'est déjà pas mal. Bref, tout ça pour dire qu'avec mes talons de 10 cm, je suis venue pour assister à un sacré événement, la Black Fashion Week.

La Black Fashion Week ? Qésaco, me demandes-tu ? « Tu veux dire par là, une fashion week tout en noir, avec un défilé exclusif de meufs déguisées en Dark Vador ? Ou de gothiques ? Ah non, d'accord, j'ai compris, suis-je bête ! Tu veux sans doute dire, une fashion week pour les Black, avec des Black et faite par des Black ? Oh my god, choking ! Vade retro Satanas ! Qu'est-ce que c'est que cette mascarade communautaire, encore ? ». Hop hop hop, je t'arrête tout de suite. Non, non, l'ami, ce n'est pas ça du tout, tu te plantes, tu te gourres, commence pas avec ce refrain !

Je t'explique. La BFW est née de l'idée géniale de la styliste sénégalaise Adama, plutôt célèbre dans le milieu de la mode afro, qui veut que cette mode soit mieux reconnue internationalement parlant. En fait, elle a lancé une fashion week afro déjà depuis une dizaine d'années à Dakar. Mais la première édition de ce qu'elle a voulu appeler la BFW a eu lieu l'an dernier à Prague. Cette année, il fallait que ça se passe à Paris. Mais l'initiative a été aussitôt critiquée, notamment par des présidents d'associations anti-racisme, les mêmes qui avaient râlé contre la première édition de Miss Black France en avril dernier. Ouais, on va nous coller une étiquette, ouais, c'est quoi cette France de l'apartheid, les Blancs d'un côté, les Noirs de l'autre ? Ça veut dire quoi ce cirque ? Bla bla bla...
 
Black-Fashion-Week-Paris
 
Black et bla bla bla
 
Alors voilà, le même débat, comme à chaque fois que les décideurs d'une minorité, d'un mouvement ou d'une culture prennent une initiative en sa faveur. Certains y verront, encore une fois, un acte discriminatoire et raciste. Ils iront peut-être même jusqu'à dire, à la Jean-François Copé tant qu'on y est et puisque le terme est à la mode, que la BFW fait du racisme anti-blanc. Car oui, que se passerait-il si on baptisait la Fashion Week, la « White Fashion Week » ? A ce type d'objection, Adama rétorque tout sourire : « La Fashion Week est déjà white de toute façon ! ». Mais c'est clair ! Et moi j'ajoute que dans un pays où les Noirs sont minoritaires, à raison d'un pourcentage inférieur à 10, il est de toute évidence inutile de qualifier quoique ce soit de « white ». C'est juste un pléonasme. En revanche, si les artistes de la diaspora noire mettent du « Black » à leurs concepts, c'est bien parce qu'ils sont minoritaires. Mais comme on considère que c'est pareil, là tout de suite, oh my god ! Communautariste, va ! Dans une ITW parue sur le site madmoizelle.com, lorsqu'on lui demande si elle n'a pas peur de tomber dans le clivage, Adama répond : « Non, ce n’est pas un projet sectaire, ce n’est pas fait par les noirs pour les noirs ». En fait, elle a juste voulu donner un qualificatif significatif, voilà tout.

Elle a eu raison, car j'ai envie de dire, non sans un petit clin d'oeil à une émission de radio que j'apprécie, on va s'gêner tiens ! D'une part, c'est bien pour souligner la spécificité d'un concept qu'on se permet de mettre du « Black » par ci et par là. Ainsi, lorsqu'on fréquente de près ou de loin le milieu afro-parisien, on est pas choqué de voir qu'il existe un « afro-work » à Paris. L'afro-work, c'est un afterwork, mais avec plein de Noirs dedans. Une soirée comme une autre et ouverte à tous, mais dans laquelle les jeunes franciliens aux origines afro-caribéennes savent qu'ils ont la possibilité de se rencontrer et de danser sur de la musique aux influences noires telles que le RNB, le hip hop, le zouk, le ragga... Au même titre, il existe ce que tout le monde appelle sans que cela pose problème à quiconque des « boîtes black » ou « boîtes afro », c'est la même chose en fait. Ces boîtes sont fréquentées à 90% par des Noirs, parce que de toute façon, surtout en province, ils se font recaler dans les autres boîtes, et en outre, sans vouloir faire des généralités, la plupart d'entre eux préfèrent danser le kuduro par exemple, que la house. Ensuite, toutes les femmes noires vont dans des « salons de coiffures afro », nombre d'entre elles lisent Amina et Brune, et certaines fréquentent des sites de rencontres pour les Noirs. Où est le problème ? Est-ce que ces endroits-là sont pour autant fermés aux Blancs, aux Métis, aux Asiatiques, aux Arabes, aux Latinos et tous les autres ? Est-ce que fréquenter ces lieux fait d'un Noir un vilain communautariste ? Communautarisme par ci, communautarisme par là, faut arrêter ce débat à la noix de coco ! Le communautarisme existe, certains le pratiquent réellement, c'est vrai, on ne peut le nier. Mais la Black Fashion Week peut pas être taxée de communautarisme. Crotte de bique à la fin !

Elle est née d'un constat. Le constat d'un vide, d'une absence qu'il fallait combler. Celui qui a fait que des boîtes afro-antillaises ont ouvert, que des magazines féminins black ont été fondés, finalement. C'est tout. L'idée est simple. On nous fait pas de place ? Ok, alors on va s'en faire une dans petit un coin, par là, et ceux que ça intéresse n'ont qu'à se joindre à nous, tout le monde est le bienvenu, car plus on est de people, plus on rigole ! La BFW veut tout simplement faire de la pub à la mode afro-caribéenne peu connue du public occidental, faire connaître des stylistes étrangers ou d'origine étrangère dont on parle peu ici et par la même occasion offrir des opportunités à des mannequins qui désertent habituellement nos podiums, car boudés par des grands couturiers assez frileux, disons-le. La BFW est pas une invitation à s'enfermer dans une case, à rester entre Noirs, à créer une mode 100% black, ou à tout ce qui pourrait s'apparenter à une dérive sectaire, pas plus que Miss Black France.

Grâce à ce passage de la BFW à Paris, les médias, les acheteurs et les amateurs de mode ethnique ou de mode tout court, qu'ils soient Noirs, Blancs, Roses, Verts ou Mauves (avec 90% de Noirs et Métis, sans surprise) ont pu assister à un spectacle rare et magique. Et en sont tous sortis les yeux pleins de rêves. Une douzaine de créateurs venus des quatres coins d'Afrique mais aussi des Etats-Unis et des Antilles ont eu l'opportunité de présenter leurs toutes dernières collections durant deux jours. Des mannequins canons - principalement d'origine africaine, c'est vrai et alors ? - ont défilé dans des tenues aux influences diverses et perchées sur des talons de... 50 cm ? Sans déc, ouch ! J'avais mal aux pieds pour elles ! Le show était superbe, et les spectateurs conquis. Depuis notre balcon avec ma voisine, on faisait des « ooooh » et des « aaaaah ! » d'admiration, on applaudissait et on se disait « Ben dis donc, j'irais peut-être pas bosser dans cette tenue ». Y'avait même du mec dans le défilé, et on voyait des meufs faire les hystériques au premier rang. Les tenues étaient évidemment toutes plus surprenantes les unes que les autres. Là, ma voisine disait « Ben dis donc, je laisserais pas mon mari sortir comme ça ».

Moi, je suis Noire et je connais pas grand-chose de la mode africaine et de ceux qui la font, donc je découvre petit à petit, et ça m'a fait plaisir de voir ça. Parce que c'est pas dans les magazines Grazia et Be qu'on m'en parle. Parce que c'est pas dans les défilés de Jean-Paul Gaultier que je la vois. Parce que c'est pas à H&M que je la rencontre. Mais attention, je tiens à préciser qu'à titre personnel, je suis pas spécialement dérangée par le fait que ces magazines, que ces défilés, que ces créateurs et que ces marques s'y intéressent peu, dans la mesure où l'idée leur vient pas forcément tout de suite à l'esprit. J'en veux pas spécialement aux rédactrices mode de Be de zapper les mannequins noirs et les stylistes africains, qui restent minoritaires ici. Mais ce que je regrette, ce sont les remises en question de l'existence de créations tels que  Fashizblack, un mag indépendant 100% mode afro qui déchire tout, ou d'événements tels que la Black Fashion Week. J'y suis allée. Je suis venue, j'ai vu, et je suis convaincue.

Foutons donc la paix aux « Black » actions. Et au lieu de déclencher des polémiques stériles autour de tout événement auquel on prête grossièrement une couleur de peau, une communauté ou une culture, contentons-nous d'apprécier les échanges, les rencontres et les découvertes qu'il occasionne, car c'est le but, en fait. Allez, quoi, y'a pas de galère !
 
 
 
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23 septembre 2012 7 23 /09 /septembre /2012 19:56
13h30, vendredi 21 septembre. Je viens de finir le boulot, je m'engouffre dans le métro au terminus de la ligne 10 à Boulogne. Je vais arriver pile poil pour l'événement de la semaine, le timing est niquel. J'arrive devant l'hôtel de ville de Vincennes autour de 14h45. Un attroupement de gens sous des parapluies patiente avec une visible impatience. Moi j'ai pas de parapluie, mais heureusement il ne fait que pluvioter, rien de méchant. On est tous venus pour elle, l'illustre Toni Morrison. C'est elle l'invité d'honneur du Festival America. D'elle, je n'ai lu que Sula il y a quelques années. Mais je sais, comme tous ceux qui sont là, que c'est un monument de la littérature noire américaine. J'avais même oublié que j'ai failli faire mon mémoire sur elle, comme le montre cette intervention effectuée sur un forum. Et j'ai bien sûr l'intention de découvrir toute sa bibliographie, à commencer par son tout dernier roman qui vient de paraître, Home. Je pouvais pas rater Toni. Au bout de dix minutes, on finit par nous faire rentrer. Mais, pas de bol, c'est comme si on était en retard, la salle des fêtes de la mairie est déjà pleine à craquer. Pour espérer avoir une place, il aurait fallu débarquer un petit peu plus tôt. Les agents d'accueil du Festival America nous disent : « Non là côté sécurité, ce serait pas raisonnable de faire rentrer plus de monde ». Toutes les places assises sont prises, y'a des gens assis parterre, debout, partout. Je suis un peu deg. Mais heureusement, dans le hall, un grand écran va tout diffuser. Donc on la verra même en gros plan, on verra même ses trous de nez, limite. Une chance que n'auront pas les gens qui vont la voir en vrai mais de loin, au fond de la salle. On se met où on peut, accoudés aux rembardes, sur les escaliers, contre les murs.
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Toni Morrison apparaît, coiffée de longues dread locks et d'un chapeau, et deux personnes l'aident à prendre place. L'entretien commence, la foule se met à l'écouter dans un silence religieux. On se croirait à la messe. Elle est interrogée surtout sur son dernier roman bien sûr, Home, le choix du titre, le choix du personnage, son évolution, sa quête, les femmes du roman, les villes. D'habitude, avec Toni, ce sont des héroïnes. Cette fois, elle a voulu raconter l'histoire d'un homme, meurtri par la guerre en Corée et qui part retrouver sa sœur en danger de mort en Géorgie. Comme toujours, le thème de la ségrégation raciale domine. La grande dame sait de quoi elle parle, elle est née en 1931. A l'époque, on lynchait un noir juste parce qu'il avait osé regarder une blanche. L'air très fatigué, l'écrivaine répond aux questions avec une voix grave et berçante. C'est vraiment con que je sois si nulle en anglais, car je comprends que dalle à ce qu'elle raconte, et pourtant, elle parle pas vite. Va falloir que je fasse quelque chose. Son interprète, apparemment une amatrice qui s'est dévouée bénévolement, assure pas mal. Il faut être balaise, pour traduire intégralement en direct live des réponses qui font jusqu'à 3 minutes. Quand à la fin, on lui demande quels sont ses modèles littéraires, elle cite ses trois mentors : William Faulkner, sur lequel elle a écrit sa thèse, James Baldwin, et Gabriel Garcia Marquez. Quand on l'interroge sur son prochain roman, elle annonce qu'il se déroulera à notre époque. Et d'ailleurs, elle avoue que ça la fait un peu flipper, car elle n'a aucune emprise sur le monde moderne, elle se sent un peu larguée. En tout cas, on espère qu'elle nous abreuvera encore de sa richissime littérature un moment.

A la fin de la rencontre, je me rends compte que je suis pile au bon endroit, là où commence à se former la queue pour la dédicace. Trop de la boulette. Voilà l'avantage de n'avoir pas pu rentrer dans la salle. Un mec nous prévient : « La séance dédicace va durer peu de temps, tout le monde n'y aura pas droit, mais c'est comme ça. On va faire ça dans le calme. Vous pourrez toujours retenter votre chance demain ou dimanche au Centre Georges Pompidou. C'est déjà un grand honneur qu'elle nous fait d'être là pour trois jours ». Moi je suis parmi les premiers dans la file d'attente, donc je me fais pas de souci pour ma pomme. Comme mes voisins de queue, armée du bouquin Home et d'un papier avec le prénom et celui de ma mère pour la dédicace, j'attends tranquillement. Ma voisine, une jeune femme qui doit avoir mon âge, me dit : « Excuse-moi, ça te dérangerait pas de me prendre en photo avec elle, quand on passera ? ». Ben pas de souci, pardi. Sans bousculade, on nous donne des petits papiers avec des numéros et on nous fait défiler les uns après les autres. Mais y'aura pas de dédicace personnalisée, ni de photo avec elle, fallait pas rêver. C'est pas grave, je me suis doutée que ça se passerait comme ça. Je dégaine mon appareil photo, je m'énerve dessus car toutes mes photos sont floues. En fait il est tout neuf et je sais à peine m'en servir. La pas-douée ! Mes photos sont floues, alors que je suis à un mètre de Toni Morrison, et que ça m'arrivera certainement pas une deuxième fois dans ma vie. Heureusement, avant qu'on me chasse du périmètre de la dédicace, j'arrive à prendre une photo nette. Ouf ! Les flashs crépitent, on est tous en mode « paparazzi ». Je regarde la grande dame, elle me regarde, on se sourit, et je file. Waouh ! J'échange trois mots avec ma voisine de queue, on est toutes contentes d'avoir eu notre dédicace. Je regarde, l'autographe est carrément illisible. La grande dame a apparemment écrit son nom.

Une nana d'une quarantaine d'années nous aborde, « Hey les filles, vous avez eu votre dédicace ? Je peux filmer ça ? ». Elle sort carrément une caméra, nous demande de montrer la dédicace, nous explique qu'elle prépare un petit documentaire amateur et qu'elle aimerait bien nous interroger rapidement. Euh sérieux là ? Mais pour dire quoi ? Même pas le temps de dire ouf, je suis pour la première fois de ma vie interviewée à chaud, comme ça, prise au dépourvu, juste parce que c'est tombé sur moi. Alors quand la nana me demande ce que représente Toni Morrison pour moi, j'aligne ma phrase avec grande difficulté, en hésitant, en bafouillant, et tout ce que je trouve à dire, c'est que... euh... ben... je dirais que c'est la grande voix de la littérature noire américaine féminine ?... Franchement, y'a rien à faire, je suis une quiche à l'oral. C'est d'ailleurs pour ça que j'ai renoncé à intégrer une école de présentateurs télé, dans laquelle j'avais pourtant été admise en 2010. Mon destin, c'est d'écrire derrière mon PC, pas de présenter les infos à la télé ou me pavaner dans des talk-shows. Je m'y vois mal. A la fin de l'ITW improvisée, alors que je lui dis que j'ai été nulle, la nana me répond « mais non c'était très bien, c'est pas drôle quand on a affaire à un discours tout préparé ». Ah bon ? Mouais, j'sais pas. La prochaine fois que je sortirai dans un événement médiatique, je préparerai des réponses d'avance alors. Parce qu'apparemment, les personnes interviewées ne sont pas toujours celles qu'on croit. Ma voisine subit le même sort, pas super à l'aise non plus. La nana nous remercie et range sa caméra.

Je sors de la mairie avec ma nouvelle camarade, qui me dit qu'elle écrit une thèse sur le thème de l'idendité dans l'oeuvre de Toni Morrison. Waouh. Moi je me suis arrêtée au mémoire de Master 1 de 70 pages, j'en ai bien chié même si c'était une expérience édifiante, et donc je ne peux qu'admirer les thésards. Et toi qu'est-ce que tu fais ? Me demande t-elle. Oh, moi j'essaie de devenir journaliste. Pour le moment, je pense plus que je n'écris, mais bon, on va s'y mettre hein. En tout cas, je m'intéresse aux littératures noires de près depuis plusieurs années, et je trouve dommage que les travaux des universitaires aient si peu de visibilité, je trouve con que des gens se creusent la tête pendant 3 siècles pour écrire des trucs de 300 pages sur des sujets hyper pointus, qu'au final pas grand-monde lira, et ce serait bien que des journalistes s'y penchent un peu de temps en temps. Moi-même, j'aurais bien aimé que mon mémoire intéresse des gens, ne serait-ce que pour le temps que j'y ai passé dessus, mais y'a que moi, mon prof et ma mère qui l'avons lu. Alors, gardons contact... Tandis qu'on s'échange nos numéros, ma camarade me donne un petit coup de coude. Toni Morrison est entrain de sortir de la mairie en fauteuil roulant. La pauvre dame n'est plus très en forme, mais on lui souhaite quand même longue vie. Allez, à un de ces quatre, j'espère, Madame Morrison. Merci pour cette heure en votre compagnie, pour la photo et la dédicace. Que personne ne vienne m'emprunter ce bouquin, je lui prêterai pas. Une dédicace de Toni Morrison, c 'est trop sacré.
 
 
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16 août 2012 4 16 /08 /août /2012 17:53

Oui, comme je vous disais, je bosse dans une société de veille de médias. J'ai trouvé du boulot bien plus vite que je pensais. Pour moi, qui m'attendais à galérer des siècles, à envoyer 1000 fois mon CV et à passer 1000 entretiens, c'était un scénario de rêve. 2 mois de recherches, 40 candidatures, 4 entretiens et l'affaire était dans le sac. J'ai même pas eu le temps de demander les allocs chômage, du luxe quoi ! Je ne suis pas tout à fait journaliste, et pourtant, j'arrête pas de le dire, j'adore mon boulot. Tant mieux pour moi, vu que je me lève à 4h30 pour y aller, tel était d'ailleurs le sujet de mon dernier billet. Et finalement, il n'est pas si éloigné que ça d'un boulot de journaliste web. En gros, je suis payée à regarder la télé et la radio tout en rédigeant des petits résumés que j'envoie directement à des entreprises, sachant que la rédaction et moi, c'est une grande histoire d'amour, et qu'être au coeur de l'actualité, c'est le rêve de tout citoyen friand d'infos. 

 

En ce moment, Stéphane Soumier, qui présente tous les matins Good Morning Business sur BFM Business, me manque. Ma chef est fan aussi, elle a carrément affiché une grande photo imprimée du journaliste sur les murs de notre open-space. Ouais, moi aussi je suis fan. Faut dire que Stéphane Soumier, il est unique. On m'a changé de programme pour l'été, c'est pour ça que je le vois plus depuis juillet. Mais bon après tout, un peu de changement, ça fait pas de mal. A la place, j'ai récolté BFM TV, et je kiffe la bonne humeur de Pascale de la Tour du Pin, elle doit être en vacances là d'ailleurs, puisque je la vois plus depuis un moment sur la matinale. Mais je parlais de Stéphane Soumier parce que pour moi, il n'y a que lui pour rendre le monde de l'économie appréciable et buvable à 6h du matin, quand t'as la tête dans le cul et que tu détestes l'économie. Il n'y a que Stéphane Soumier qui sur une matinale qu'on pourrait penser être prise de tête, te sort des métaphores et des petites phrases improbables auxquelles tu t'attends pas du tout, genre : « alors là, un sujet délicat, et donc on va y aller en douceur, sans trop se piquer, tout comme les hérissons font l'amour ». Et puis il dit ça tellement normalement, que ça passe mais alors, comme une lettre à la poste, là où d'autres se feraient railler. Il n'y a que Stéphane Soumier qui interviewe ses invités de cette façon-là, avec tout son corps et tout son cœur, s'enflammant, disant haut et fort ce qu'il pense, sans langue de bois, super cool, super fun, tout en sachant garder raison, rester intransigeant, pertinent, piquant. Il ponctue ses entretiens d'exclamations d'allégresse, telles que « Mais c'est exceptionnel ! », ou encore de « J'adore ! », ou de révolte, comme « Non mais vous pouvez pas dire ça ! ». Il se marre franchement quand ça le fait rire, s'indigne vraiment quand ça l'énerve, interroge réellement quand des éclaircissements sont nécessaires, repose les questions quand il sent que son interlocuteur veut la lui mettre à l'envers et l'esquiver. Il a la truc et il fait pas semblant. Bref, Stéphane Soumier est un mec du PAF unique, on ne dira pas le contraire.

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Heureusement, j'ai gardé Télématin, parce que j'y tiens, à mon petit Télématin. Ils ont l'air de s'éclater grave dans cette émission. Tu vois les techniciens danser en régie dès la musique du générique d'ouverture, ils te balancent parfois les 2 Be 3 ou Larusso, font des commentaires off en direct. Et en plateau, c'est pas mal non plus. Des fois, surtout à la fin à l'heure du bloc-notes culturel de 8h30 durant lequel 3 chroniqueurs sont présents à la fois, ça leur arrive de taper des fous rires. Ils adorent plaisanter, et à ce jeu-là, je trouve que Thierry Beccaro, le joker de William, est le meilleur. Il est charmant, agréable, élégant et drôle. Tout ce qu'il faut pour mettre la pêche à 6h30 du mat à des téléspectateurs qui émergent à peine. Récemment, dans une chronique consacrée aux 20 ans de la mort de Michel Berger, ils ont diffusé un extrait du clip de « La groupie du pianiste ». Et pour la clore, Thierry s'est mis debout et s'est mis à chanter sur l'air de « Elle jouait du piano debout » : « Présenter Télématin debout, c'est peut-être un détail pour vous, mais pour nous ça veut dire beaucoup ». J'ai bien rigolé tiens. D'ailleurs, je suis partante pour une pétition ou un groupe facebook du genre « pour que William Leymergie de Télématin parte à la retraite et laisse sa place à Thierry Beccaro ». J'ai rien contre Leymergie, mais c'est un peu un dinosaure télévisuel et je suis certaine qu'il a ses 41 annuités et même qu'il doit en avoir 300, et même s'il les avaient pas, avec le salaire qu'il a, tu vas pas me dire qu'il va finir comme un pauvre malheureux. Il faut qu'il laisse sa place à de plus jeunes talents un peu, ce vieil indéboulonnable, euh oups pardon je voulais dire, ce plus tout jeune cher William. Et en plus, à Télématin, il font vivre la diversité sur le petit écran, comme la présence de nombreuses journalistes reubeus et l'arrivée de la nouvelle chroniqueuse renoi Emma Adiei en témoignent.

 

En tout cas, moi non plus devant mon PC, je suis pas malheureuse. Ici, on traite bien ses employés, on ne se fout pas de leur gueule, on les paye correctement et on fait tout pour les garder quand ça se passe bien. Dans mon petit service audio, on se sent bien, l'équipe est jeune et sympathique, la moyenne d'âge tourne autour de la trentaine. D'ailleurs, on y est si bien, que mes collègues aguerris du petit matin, là depuis des années pour la plupart, tremblent un peu à l'idée que la boîte soit rachetée par un gros groupe de pub et fusionne avec leur agence de veille de presse, notre concurrent numéro 1, bien plus gros, pour "unir nos forces". C'est vrai, je comprends qu'on puisse avoir envie de rester là des années et s'y complaire. Le boulot est intéressant sans être trop prenant, ni prise de tête. Tu rentres chez toi la tête libre de tout souci professionnel, puisque ton taf, tu le fais au taf, de telle heure à telle heure, t'as un programme, et quand t'as fini, tu rentres chez toi et tu passes à autre chose. Si tu veux, tu peux faire des piges à côté, en t'organisant bien. Si tu fais des heures sup, c'est pour remplacer un absent, et elles sont payées. T'as ton casque sur les oreilles, du coup t'échanges peu avec les autres, c'est pas plus mal quand t'aimes travailler en solo, tu poses juste des questions de temps en temps aux chefs pour les consignes du jour, et personne t'emmerde ou te met la pression. De temps en temps, tu rigoles tout seul devant ton PC. Régulièrement, mon collègue en charge d'Europe 1 de 6h à 9h30 tape des barres en écoutant « la revue de presque » de Nicolas Canteloup. Quant à moi, qui reprend Europe 1 dès 9h30, ça m'arrive souvent avec la chronique Télé-Délires.

 

Oui, on a un peu flippé quand on nous a dit qu'on fusionnait. Quelques rumeurs disaient que dans notre nouvelle boîte, ce serait moins cool, qu'on bosserait comme des robots, qu'il faudrait demander l'autorisation pour aller aux WC, mais heureusement, notre chef qui y est allée en mission repérage a démenti ces rumeurs. Ouf, me voilà rassurée. Je m'imaginais déjà entrain de mourir de la vessie, moi qui pisse toutes les heures. Cela dit, j'ignore si je serai de l'aventure. En tant que CDD, je risque d'être sacrifiée sur l'autel de la rigueur budgétaire. Qui vivra verra. Quoiqu'il en soit, gardons la patate. Comme toujours.

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26 juillet 2012 4 26 /07 /juillet /2012 19:10

Dans une chronique sur Europe 1, l'humoriste Mathieu Madénian, qui s'attaquait une fois à la biographie de Jean-Luc Reichmann, revenait sur l'époque de son morning sur la radio RFM dans les années 90. Et il avait donc imaginé ce que pouvait être la vie sociale d'un animateur de radio qui se lève à 4h du matin. « Oé bon les gars, je finis à 11h, RDV chez moi pour un apéro dînatoire à 14h, ensuite j'ai réservé au Macumba pour 16h, et on va faire la teuf jusqu'à 20h, youhou ! ». Mais j'ai envie de dire, oui, tu peux rire. Tu as la vie sociale d'une huître quand tu travailles en horaires décalés, il faut s'y faire. Je me demande quelle vie William Leymergie, qui présente Télématin depuis 1985 quand même le mec, donc depuis que je suis née, mène. Moi c'est mon cas depuis mars et je tiendrai pas 27 ans, ça c'est sûr. J'ai une grande admiration pour tous ces journalistes des matinales, qui doivent sauter du lit genre à 3h, pour apparaître en direct à 6h au top de leur forme, frais et dynamiques, la voix franche et le regard alerte. Moi je bosse pas à la matinale de Canal +, non, même si je passe tous les jours devant l'immeuble de Canal +, mais dans une société de veille de presse du 92 qui tourne 7 jours/7 et de 5h à 23h. Enfin je dis ça, mais franchement, je kiffe mon taf. Je suis payée à regarder la télé et écouter la radio, alors je me plains pas. Enfin on reviendra sur tout ça dans un autre article. En tout cas le seul défaut que je lui trouve, à ce boulot, c'est le réveil en plein milieu de la nuit. Juste ça. Je fais 6h-13h30 du lundi au vendredi, et je m'y fais pas. Sinon, tout va bien.

 

4h30, mon réveil sonne. Même les coqs se lèvent pas aussi tôt. Si l'avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt, alors jackpot pour moi. La tête dans le brouillard, je me dirige dans la cuisine, allume la mauvaise plaque pour faire chauffer l'eau (celle sur laquelle y'a pas la casserole avec l'eau) et m'en rends compte au bout de 5 minutes. Oui bon en fait je dis ça pour vous faire marrer, mais ça ne m'est arrivé qu'une fois, je suis une sacrée gaffeuse, mais y'a des limites. Je pourrais faire comme certaines collègues, me lever à 5h pour partir à 5h35-40, surtout que j'ai déménagé et que j'habite plus près. Je pourrais la jouer à top chrono, t'as 3 minutes pour te laver, 1 minute pour te brosser les dents, 30 secondes pour mater la météo, 10 pour te gratter les fesses... mais j'ai une excuse béton : j'aime pas me spider comme une dingue le matin, et là, c'est même pas le matin, c'est carrément encore la nuit. Si tu me demandes « mais pourquoi tu te lèves pas plus tard, genre 4h45, 5h ? », je vais me lancer dans une dissertation de ouf pour te convaincre que j'ai vraiment besoin d'au moins 1h pour me préparer le matin et que finalement ça m'avancerait pas tant que ça de dormir une demi-heure de plus, surtout si c'est pour arriver à labourre. Donc ne me demande pas et tu seras épargné de cette dissertation bidon, parce qu'on s'en fout. 

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Mais voilà, tout ça pour dire que le réveil à 4h30 ou 5h du mat quand à l'origine on est une marmotte amatrice de grasses mat, c'est très très douloureux. Sans compter que l'être humain n'est pas fait pour se lever avant le lever du soleil et se coucher avant son coucher, c'est prouvé scientifiquement, si si. C'est donc une expérience très détraquante biologiquement parlant, surtout pour les pauvres marmottes qui aiment dormir. Mon père, à présent retraité, a fait les trois 8 durant une bonne partie de sa carrière, et donc se coltinait souvent du 5h-13h. J'ai bossé 3 semaines dans son usine un été quand j'étais étudiante, et on m'a collé ces horaires-là. Un jour, je me suis endormie dans les toilettes à 7h du mat. Pour tenir la route, il faut se coucher plus tôt que les poules. Maintenant, c'est ce que je fais. Durant le premier mois, tout le monde se tapait mon répondeur après 20h, sur lequel je signalais joyeusement à mon interlocuteur que « si tu tombes sur mon répondeur après 20h, c'est normal, je dors, car eh oui, je me lève à 4h... ». C'était efficace puisqu'en effet, depuis, plus personne m'appelle après 20h, plus personne me propose rien le soir, je vais plus au cinéma à la séance de 20h, ni en afterwork le jeudi soir. En gros, en semaine, j'ai la vie sociale d'une huître, voilà, c'est comme ça. Dans ma petite équipe du matin, j'ai des collègues qui se couchent à 22h, voire 23h. Moi si je fais ça, je fais un coma sur mon PC. Y'en a qui prennent pas de petit-déjeuner. Moi si je fais ça, j'appelle « Action contre la faim » dès 7h. Y'en a qui carburent au café. Moi le café, ça me fait rien du tout. Si je dors pas au moins 7 heures, je suis à la limite de faire comme un collègue, qui s'endort. Un jour, il a tapé une sieste de 5 minutes sur son poste, et s'est mis à ronfler. Une autre, qui bosse du mercredi au dimanche, commence sa semaine en ayant dormi 2 ou 3h la nuit du mardi ! Mais... mais... moi si je fais ça, tu me vois même pas, mon gars ! Je me lève pas, c'est mort. Faut appeler le SDI (le Samu des Dormeurs Indécrottables). Et donc cette collègue, qui ne dort que 3h le mardi, m'a demandé : « Et toi, c'est pas trop galère le dimanche soir, pour dormir ? ». Et alors, là, j'ai du révéler mon terrible secret : - En fait, je me drogue. Là, elle a écarquillé les yeux.

 

Oui, voilà, vous le savez maintenant, je me drogue. Mais comme la coke, c'est mal, j'ai du lui préférer les somnifères. C'est vrai que la coke me permettrait de réaliser tous mes rêves puisque je pourrais me contenter de dormir 2h par nuit voire pas du tout, et je serais une hyper-active qui ferait plein de trucs de fous de 14h à pas d'heure. Je pourrais écrire comme pigiste en parallèle pour 36 magazines, être de toutes les conférences de presse, de tous les rendez-vous VIP et produire tout plein de magnifiques reportages. Je pourrais lire 10 bouquins par semaine, écrire un roman en 3 mois, taper des footings à 4h du mat, me coltiner 10 heures de muscu par semaine pour me faire les cuisses d'une athlète en 2 mois, faire la teuf tout le week-end sans avoir besoin ensuite de 3 semaines pour m'en remettre... je pourrais en faire, des choses, dis donc. Je pourrais même aller m'acheter du parfum à Sephora sur les Champs-Elysées à 23h si l'envie me prend, tiens par exemple.

Mais bon, pour ne pas attenter à ma santé ni choquer l'opinion publique, et parce que je suis une fille sage (si si) j'ai choisi la version « Mamie Coco » (un petit surnom qu'on me donne de temps en temps). C'est-à-dire que Donormyl, le partenaire de vos nuits tranquilles, est devenu mon meilleur ami. Je n'en suis pas spécialement fière, mais voilà, entre 19h30 et 20h, je me jette dessus comme un clodo sur sa bière, et je me sens rassurée. Là, je suis sûre de dormir dans la demi-heure qui suit. Ne suivez pas mon exemple, car se droguer, quelle que soit la drogue, ben c'est mal. Mais faut que je l'avoue, c'est grâce à ce fidèle ami que je débarque au boulot peut-être la tête dans le cul comme tout le monde, d'accord, mais ponctuelle, quand même d'attaque, habillée, coiffée et pomponée normal comme vous qui commencez à 9h, de bonne humeur et prête à produire 36 séquences à la minute. Enfin j'exagère là mais bon je suis au taquet quoi. Parce que bon faut pas déconner, c'est pas parce qu'on commence à 6h du mat que c'est une excuse pour arriver comme les mecs de « Youpi Matin », complètement à côté de la plaque, genre en pyjama, avec la tronche de Charlize Theron dans « Monster », la coupe de Sangoku, la barbe de Ben Laden et l'humeur de Cruella Diablesse, mais vraiment genre « bon il est 6h, c'est trop dur la vie, alors il faut pas trop m'en demander ». Oui au fait Youpi Matin, vous connaissez ? C'est un sketch des Inconnus, parodie de Télématin justement, qui m'a bien fait poiler et auquel m'a renvoyé une amie en me disant : - ça te parlera. Gagné. 

 

Alors maintenant moi je dis quand même bravo à la catégorie la plus brave des travailleurs de l'extrême-matin, ceux qui arrivent au boulot sans la trace de l'oreiller sur la tronche, frais et pimpants, qui ont dormi quelques heures à peine parce qu'ils ont nourri et couché leurs gosses à 20h, maté « Les Experts » à 21h, lu 50 pages d'un roman à 23h et fait des galipettes avec leur conjoint à minuit, et qui le lendemain arrivent le ventre vide au taf et ne mangent rien pour autant avant midi... Eh ben ceux-là, je leur tire mon chapeau. Enfin bon, il faut conclure. Je me lève à 4h30, je suis claquée, mais sinon, tout va bien. Au début j'ai cru que j'allais pas y arriver. Je m'écroulais dès que je rentrais chez moi. Maintenant, je vis normalement l'après-midi. J'ai écrit ce billet au soleil dans un parc pendant que vous étiez encore au bureau. Hier, je mangeais un yaourt glacé en terrasse à 16h de l'aprem. Et toc ! Tout ça pour dire à ceux que j'ai entendus s'exclamer : « Moi, je pourrais pas à ta place ! » que, si une vieille marmotte atteinte de dormite aiguë dans mon genre peut le faire, c'est que c'est pas mission impossible.

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26 février 2012 7 26 /02 /février /2012 20:25

Mon entourage entier m'a enviée pendant plus d'un an, parce que j'avais un job de rêve. Il avait pas totalement tort et pas totalement raison. Job de rêve, oui MAIS... Lisez bien cet article, et ensuite on en reparlera. 3 guides de voyage à mon actif, et ça y est j'en peux plus. Trop de boulot, trop de galères pour une misère. Et encore, je me suis pas tapé les destinations les plus relous, au contraire !

Déjà quand tu bosses dans l'édition ou le journalisme, y'a plusieurs statuts. Du moins casse-gueule au plus casse-gueule, tu peux être, dans l'ordre :

  • salarié en CDD ou en CDI (en voie de disparition dans le milieu, soyons réalistes)

  • indépendant ou free-lance

  • pigiste

  • auteur (t'es payé à la mission, t'as droit à rien, adieu le chômage, les cotis' et compagnie)

A votre avis, qu'est-ce que j'étais ?

Quant à ceux qui pensent qu'on est payé à rien foutre, juste à voyager tranquille les pieds en éventail, laissons les penser. Pour ma part, j'ai été la travailleuse parfaite. J'ai tout donné et rien pris. J'ai bossé comme une sale acharnée, et toujours rendu un travail béton et à l'heure. Sur mes contrats, il était écrit que je céderais tous mes droits d'auteur, qu'empocheraient gaiement les gérants de cette putain de boîte, que je serais payée tant, et puis salut. J'étais pas obligée d'accepter. Je pouvais ne pas signer. Je suis une jeune femme libre du XXIe siècle, et je fais partie des gens qui ont au moins la chance de pouvoir choisir ce qu'ils souhaitent faire de leurs dix doigts, et c'est à ça que je pense quand j'ai envie de me révolter. Je pense à tous ces gens qui n'ont même pas le droit de se poser la question avant d'aller au charbon faire des métiers épouvantables et payés la misère parce qu'ils n'ont tout simplement pas le choix.

Mais disons-le tout de même. Toute mon énergie, toute ma sueur, mes jours et mes nuits pendant des mois pour 1300 €. Et je l'ai fait 3 fois comme ça. Parce que ce que j'ai fait, je l'ai pas fait pour ces clopinettes, je l'ai pas fait pour ces exploiteurs, je l'ai fait pour moi. Après ça, on m'appellera même pas pour me dire que mon œuvre est sortie en librairie, on m'invitera pas pour fêter ça, on ne me félicitera pas. On m'enverra 3 exemplaires, mon salaire tout pourri et on m'oubliera. A part ça, moi j'estime que c'était une expérience d'enfer.


Parce que le problème, il est où ? L'essentiel, c'est d'avoir au moins conscience qu'on est traité comme de la crotte. Ensuite, si ça nous chante, on peut dénoncer les abus dont est victime, au moins pour que ça se sache. Après ça, c'est une question de rapport à soi-même et une question de choix. Savoir ce qu'on vaut, savoir ce qu'on veut et surtout rester fidèle à soi-même. Est-ce que je reste sur le banc de touche en attendant de choper le poste de mes rêves avec la reconnaissance et la rétribution que je mérite, en m'écriant « non je refuse d'être exploitée, garde tes 3 sous pour d'autres pigeons ! » ? Ou est-ce que je prends tout, même ce qui est sur black-list (dans la limite de mes convictions éthiques tout de même) en attendant, pour l'expérience, la découverte et la gloire ?

Sur le forum chouchou des journalistes par exemple, Categorynet.com, vous trouverez mille débats de ce genre, où les gens s'insultent presque au nom du Saint-Journalisme parce que des apprentis sont prêts à bosser gratuit pour faire leurs premières armes, pendant que d'autres se battent contre la non-reconnaissance et la précarité actuelles du métier. Mais qu'est-ce qu'on s'en fout de ces discours stériles sérieux, à la fin, ça fait rien avancer du tout ! Pour moi le choix est vite fait, il n'y a pas à débattre pendant 30 ans sur des forums. Tout le monde sait que beaucoup restent dans ce métier par passion, si t'as pas la passion, ou que t'en as marre de galérer, tu te barres. J'aime pas spécialement emprunter des expressions au président de la République, mais là, je suis obligée : le journalisme, tu le kiffes ou tu le largues. C'est un métier bouché, alors quand on y va, il faut ensuite assumer. Point barre. Si j'y arrive pas, ou que j'en peux plus, je me reconvertirai au lieu de me plaindre et puis c'est tout.


Moi y'a un an et quelques mois, je débarquais sur ce marché bouché avec conscience et de mon plein gré, après une courte carrière comme bibliothécaire et une reprise d'études. Suite à mon dernier stage, j'ai eu cette opportunité, je l'ai saisie, et franchement j'ai bien fait. Je l'ai fait, j'en ai ma claque pour plusieurs raisons alors j'arrête, mais je me suis bien éclatée aussi, j'avoue. Il faut garder le meilleur et tirer des leçons des galères, c'est toujours pareil. J'ai voyagé gratuit sur des îles paradisiaques, j'ai dormi dans des hôtels 5 étoiles où on m'a traitée comme une star, j'ai lézardé sur les plus belles plages du monde. Mais il m'est aussi arrivé autant de mésaventures. Quand je ne galérais pas avant pour l'organisation, je galérais pendant pour des problèmes de logistique, d'argent, de compréhension, de route... J'ai connu des grands moments de peur, de panique, de stress, d'énervement et surtout, de solitude lol. Au resto, quand vous arrivez, première question : « Vous êtes seule ? ». T'as parfois envie de répondre : « Non, je suis avec l'homme invisible ». Dans la rue, première question : « Vous êtes en vacances ? ». Mystère, mystère. Qui est donc cette étrangère, qui ressemble à une Américaine mais qui parle l'anglais comme Paris Hilton parle le français, qui a l'air aussi riche que Jésus et qui pourtant se paie des nuits d'hôtels en solo à 200 dollars la nuit ?

Mais ma virée aux Maldives, j'avoue, c'était le bonheur et l'ataraxie totaux, et ça compensait les merdouilles que j'ai véçues avant et après le voyage. C'est en fait le genre de destination bon plan, parce que c'est le paradis, y'a rien à visiter, y'a que des hôtels 5 étoiles et des plages, et t'as pas trop de trucs à gérer. Donc ça a été relou avant parce que j'ai vraiment du me battre pour ce voyage qui pourtant m'était dû ne serait-ce que pour que je puisse remplir ma mission (voir mon article précédent "Maldives, les secrets d'une mission presque impossible"), et après, pour tout ce que la rédaction d'un guide peut coûter de tortures rédactionnelles, de coups de téléphone, de mails, de recherches sans fin, de crises de perfectionnisme aigu, d'impressions que tu finiras jamais, au point que ton coloc te dit que dans 60 ans, quand il te demandera de tes nouvelles, tu lui diras avec ta voix de petite vieille : « Ben écoute le guide Maldives, je crois que je vais crever dessus ».

Mon 3e guide était celui du ras-le-bol. 2 mois et demi de plus sans vivre, sans sortir et sans dormir. Oui il faut le savoir, quant t'es rédacteur de guides, t'as plus de vie aussi. Pendant un an, je me suis paradoxalement coupée du monde, car en dehors de mes voyages, j'ai mené une vie de moine tibétain. Des fois, t'en as tellement marre, t'as tellement envie de te distraire, que te retrouves à taper sur google des trucs totalement hors-sujet genre « manger des carottes crues », «Mila Kunis », « créer son entreprise », ou encore « soldes pulls cachemire ». Parce que ça te saoûle, t'en peux plus, t'as juste envie de retrouver une vie à peu près normale. De temps en temps, un pote arrive à te sortir pour aller prendre un verre, et il te demande si au moins t'as le temps de te raser les aisselles, parce que là, ce sera vraiment devenu très grave.

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Les 10 commandements du Petit Fut Fut

Alors Ô toi jeune compère qui rêves de faire mon taf, toi qui veux être un Petit Fut Fut, voilà tout de même une petite soupe de conseils qui ne te seront pas inutiles. Si tu tiens à te faire entuber le moins possible (je peux pas dire ne pas te faire entuber, car tu le seras forcément à partir du moment où tu signeras un contrat avec cet éditeur), voilà les 10 grands commandements que tout Petit Fut-Fut se doit de respecter s'il ne veut pas se planter. Je dis bien que je parle du PF, car j'ignore comment ça se passe chez les autres éditeurs, même si j'ai pu avoir quelques échos pas très roses non plus.  

Soyons réalistes, pragmatiques et efficaces. Dis-toi bien qu'au PF, tout le monde s'en fout, de ta gueule. Ton référent de rédaction, souvent responsable éditorial, est à la limite le plus susceptible de moins s'en foutre, car la plupart du temps, il est passé par là aussi, il a trimé au Mali, au Sri Lanka, en Argentine, en Roumanie... Le problème, c'est que les responsables éditoriaux sont overbookés tout le temps, ils ont 36 guides à valider en peu de temps, 36 auteurs à gérer, et donc toujours 36 trucs à faire. Mais si tu leur poses des questions, surtout si c'est par téléphone pour aller plus vite, ils te répondront. C'est déjà ça.

 

1.JE NE PRENDRAI JAMAIS UNE PREMIERE EDITION

A moins que tu ne sois maso, n'y pense même pas. Les créations de guide, c'est l'enfer. Tu vas galérer et suer pendant des mois et des mois dix fois plus que pour une réédition, et pour une misère. Ce témoignage en date de 2003 d'une ex-auteur parlera mieux que moi.

« J'ai écrit un guide pour le PF voilà quelques années. Je revenais d'un séjour d'un an dans un pays d'Amérique latine et j'ai proposé mes services... Bilan des courses : 4 mois sur place, 4 mois de rédaction en France : le tout payé pour 20 000 F (6100 euros) après avoir d'âpres négociation et en menaçant de ne rien rendre et de mettre mon guide sur le net gratuitement ! C'est moins que le RMI, c'est honteux pour 750 000 signes et des photos ! Inutile de dire que la publicité (difficile à vendre lors d'un travail de reportage sans cravate, temps, ligne téléphonique et carte de visite, m'a juste permis de faire de faire un échange de trois séjours de 3 jours dans les coins les plus inaccessibles du pays...)
J'ajoute que je devais faire l'enquête à mes frais et que seul l'avion était offert ! Royal ! J'ai donc passé mon séjour dans des hôtels 3 cafards, dormi dans les bus ou sur la plage, mangé du riz aux oeufs etc... J'ai même essuyé un tremblement de terre... Sans que le PF ne s'en soucie...
Ce genre de guide joue sur la naïveté de jeunes auteurs. Cette expérience m'a dégoûtée de l'édition. Entre mauvaise foi et mesquinerie, les dirigeants de cette boîte se comportent comme des négriers. »

2.JE NE PARTIRAI PAS PLUS DE 15 OU 21 JOURS

Même si le pays à explorer est 3 fois plus grand que le France. Quand on a une enveloppe de frais d'enquête de merde, genre quelques centaines d'euros, soyons réalistes, ne nous compliquons pas la vie plus qu'elle n'est compliquée. De toute façon, t'es libre de décider la durée de ton séjour, puisque c'est toi qui l'organises tout seul de A à Z. Tu visiteras ce que tu auras le temps de visiter, point barre, même si c'est qu'un tiers du pays.


3.J'AURAI 1000 EUROS SUR MON PUTAIN DE COMPTE AVANT DE PARTIR

Et oui, bonne nouvelle, tu dois avancer ton billet d'avion et tes frais d'enquête ! Tu croyais quand même pas qu'on allait te filer une CB ou plein de jolis billets à claquer selon tes envies, non plus ?! Prévois donc une petite marge, car si t'as envie de te faire un peu plaisir pour ton propre compte (souvenirs, fringues, bien-être, produits locaux... gigolos ? Non je lol), et que tu peux pas, tu seras frustré. Le billet d'avion te sera remboursé entre 1 et 3 semaines après que tu l'aies acheté. Pareil, les frais d'enquête ne te seront remboursés qu'au moins 10 jours après réception de tes notes de frais à ton retour. Dans l'idéal, pour que tu sois tranquille quand tu rentres, bosse durant les mois avant ton départ. Chope un job d'1 ou 2 mois qui si possible prend pas trop la tête, qui fatigue pas trop, qui demande pas trop de réfléchir, et pendant ce temps, tu prépares ton voyage. Genre... euh je sais pas moi, employé administratif, cat-sitter, hôte d'accueil, masseur, trieur de courrier, éboueur, vendeur de légumes, gardien de parking... ce sont ces petits boulots-là qui te permettront de survivre et de toucher les Assedic en attendant le jour où tu voudras passer à autre chose.


4.JE SERAI ORGANISE(E) COMME LE FBI QUI PART EN MISSION

Ne pars surtout pas la fleur au fusil, c'est carrément fatal ! Personne, j'ai bien dit personne ne t'aidera à organiser ton voyage. T'es tout seul devant ton PC et ton tél. Si tu peux pas appeler gratuit le pays en question depuis ta neuf box ou autre, il faudra tout faire par mail, et si besoin passer au bureau de la rédac pour passer des coups de fil. Pour ton voyage, il faut que tout soit réglé comme du papier à musique. Tu ne pars pas sans avoir casé toutes tes nuits d'hôtels, sans avoir fait tes réservations de train, de cars, de locations de voiture... sans t'être créé un itinéraire précis, sans avoir fait la liste des villes où tu passeras, des établissements que tu visiteras, des restaurants que tu testeras, des nouveautés du pays que tu découvriras, sans avoir prévenu de ta visite les offices de tourisme et divers organismes touristiques où tu aimerais rencontrer des professionnels... et bien sûr sans avoir lu entièrement l'édition précédente du guide, ça va de soi, ni sans t'être renseigné un max sur la destination en dehors de ce guide.


5.JE VERIFIERAI TOUT CE QUE JE PEUX VERIFIER

La vérification des établissements qui sont déjà présents dans l'édition précédente du guide est une étape très importante. Tu peux très bien en rajouter peu, faire peu de changements au niveau du contenu. Mais ce qu'il faut vraiment éviter, c'est les yaourts périmés dans le frigo. Les restos fermés depuis 5 ans, et qui sont encore dans le guide, ça craint vraiment du boudin. Donc pour limiter les dégâts, mais aussi gagner du temps dans ton travail, t'as tout intérêt de faire en sorte de vérifier l'existence d'un max d'établissements sur place, et à récolter un max d'infos sur leur compte. Le reste, tu devras vérifier devant ton PC et ton tél. Et crois-moi, c'est bien plus de boulot que tu l'imagines.


6.JE PROFITERAI UN MAX

Fais-toi plaisir autant que tu peux. Car si t'es mal payé en euros, au moins tu seras un peu rincé en cadeaux. Si un office de tourisme te paiera un resto, un autre te fera peut-être quelques présents. Les hôtels pourront peut-être t'offrir en ta qualité de VIP un petit massage par ci, une petite excursion par là...ou simplement le petit-déjeuner qui parfois n'est pas compris dans le prix de la nuit. Si t'es du genre charmeur, arme-toi de tes jolies paroles et de ton plus beau sourire, et tu devrais pas avoir trop de mal à obtenir des petits trucs comme ça. Si t'es dans une destination paradiasiaque, PRO-FI-TE. C'est mérité.  Pas la peine de te presser le citron, d'autant plus que dans ces pays en général, personne n'est stressé. Où que tu sois de toute façon, ne te surmène pas en courant toute la journée de 8h à minuit, prends des moments de repos, comme si t'étais en vacances, car dis-toi bien que si ton délai de rendu est serré, c'est en rentrant que tu tourneras à du 8h-minuit devant ton PC.


7.JE N'ABUSERAI PAS DES RESTOS

Tester des restos et bouffer gratos aux frais de la princesse, c'est le rêve de plein de monde. Je te vois déjà te lécher les babines d'avance, gourmet. Mais attention, ton budget est restreint, et te permet finalement pas de faire des folies gastronomiques. Déjà les restos à plus de 20 €, oublie. Ensuite, ne retourne pas dans les restos qui sont déjà dans le guide, passe juste pour mettre à jour les infos, mais le but, c'est de dégoter de nouvelles adresses pour la nouvelle édition dans la mesure du possible. Tu ne pourras pas t'en payer tous les jours, à part si t'es dans un pays où la vie est vraiment low cost. En préparant ton voyage, pense à demander aux hôtels qui t'accueillent une nuit s'il est possible qu'ils t'accordent la demi-pension, voire, de temps en temps, la pension complète. Si c'est pas possible, t'auras au moins essayé. Achète-toi à grignoter dans des supermarchés pas chers, bouffe sur le pouce, ou alors ne bouffe pas. Budget d'enquête serré mon gars, budget serré !

 

8.JE DEMANDERAI TOUJOURS DES FACTURES POUR TOUT

Même quand il n'y a pas lieu d'en demander. Mieux vaut se faire rembourser trop que pas assez. Et pour ce que tu vas gagner, franchement, les euros sont précieux et t'as pas besoin de réduire encore plus ton gagne-pain. Fais-toi tout rembourser, tout ce que tu bouffes, tout ce que tu visites, tout ce que tu fais... même les glaces, les parasols et les masques et tubas. A part bien sûr, faut pas rêver, les extras du genre soins de beauté, et conneries comme ça. Les pourboires, c'est toi qui voit, mais qui dit pas de facture dit pas de remboursement. Note bien toutes tes dépenses une à une au jour le jour, conserve bien précieusement les factures et garde toujours un œil sur l'état de ton budget d'enquête, ça part plus vite que tu le crois.


9.JE FERAI CE QU'IL ME PLAÎT MAIS JE DIRAI LA VERITE

Ce qui est génial, c'est que tu peux vraiment bosser comme tu veux de A à Z, libre comme l'air. T'es pas dans un bureau, avec un patron qui te dit quoi faire, quoi penser, quoi écrire et comment. Tu trouves que le PDG de cette boîte est un gros malotru ? C'est pas grave, tu t'en fous, tu le vois jamais. T'es chez toi, y'a personne pour te surveiller ou te mettre la pression. Même ton référent de rédaction, la seule personne avec qui t'es en contact dans l'histoire, n'a pas le temps de te demander des comptes.

Alors maintenant à toi de voir si tu préfères rendre un travail à la hauteur de ton salaire, c'est-à-dire bâclé et bidon - sachant que ton nom sera dans le guide mais que de toute façon on viendra même pas t'engueuler (encore heureux!) parce qu'on sait qu'on se fout de ta gueule – ou si tu préfères rendre un travail d'esclave, un guide niquel carrément révolutionné, bien revu et corrigé, tout doux tout neuf lavé avec Mirlaine, parce que t'as une conscience professionnelle et que t'as envie de faire les choses bien quand même. La reconnaissance sera la même dans tous les cas, c'est-à-dire nulle. Mais bon, c'est à toi que tu fais plaisir quoi.

Par contre, si tu partages les valeurs éthiques du métier, si t'es sensible à tout ce qui se passe dans le monde, si t'es pas un vendu, dis la vérité. Je m'explique. Bien sûr t'es pas en reportage pour Libé, et un guide de voyages se doit obligatoirement de présenter une destination comme belle et attractive au lecteur, c'est la règle. Donc tu ne peux logiquement pas dire que le pays pue du cul, qu'il faut pas y aller tout ça, même si c'est ce que tu penses (évidemment, à part si t'es suicidaire, ne prends pas les guides Afghanistan, Irak, Syrie...mais enfin est-ce utile de le dire ?). Par contre, dans la mesure du possible, n'enjolive pas, ne minimise pas, et ne raconte pas des bobards. Exemples : si la misère règne dans le pays, si les gens sont corrompus, si les femmes sont battues, si les jeunes sont délinquants et drogués, si le gouvernement est entre les mains d'un dictateur ignoble, si la populace est sous le joug d'une tyrannie, et autres abominations de ce genre... ben il faut le dire ! La superbe partie DECOUVERTE est faite pour ça. T'es pas là non plus pour prendre les gens pour des cons et leur faire croire qu'on est au pays des Bisounours. De même que, si un resto ou un hôtel qui est dans la dernière édition est en fait pourri, vire-le. S'il est potable mais très moyen, descends-le un peu. Si par exemple c'est une auberge de jeunesse vraiment pas chère, qui a plein d'atouts, mais où les douches sont dégueulasses, eh ben dis-le. Pas comme ça, mais bon, subtilement, exemple : « le ménage laisse à désirer dans les salles de bains »... hop, et voilà !


10.JE GUEULERAI UN COUP SUR MON EMPLOYEUR SI NECESSAIRE

On est sensé te rembourser tes frais d'enquête maxi 2 semaines après réception de tes notes de frais. On est sensé te verser la moitié de ton magnifique salaire de Chinois la semaine qui suit la validation du guide (soit en général 2 ou 3 semaines après que tu l'aies rendu, youhou!), et l'autre moitié la semaine qui suit la date prévue de la publication du guide (en général il sort toujours avec au moins 3 semaines de retard dans les librairies, mais c'est pas de cette date-là qu'il faut tenir en compte, plutôt de la date annoncée au départ dans la base de données du guide). Si tout ça n'est pas fait à temps, hésite pas à appeler ou envoyer des mails au service des ressources humaines pour mettre la pression. Gentiment au début, un peu vénère ensuite si ça traîne. Que tu sois à découvert de 800 euros à cause de leur gueule, que tu doives payer ton loyer, que t'aies envie d'acheter des cadeaux pour Noël, faire les soldes ou juste manger, ce sera jamais leur problème.

 

CONCLUSION


Ce serait un job de rêve si on était payés à la hauteur de tout le boulot, toutes les misères, tout le temps, toutes les heures que ça représente, c'est-à-dire, je dirais... 5000net pour une mise à jour de guide. Et encore, je suis sympa, ça c'est pour 4 ou 5 mois de taf tout compris avec des horaires dépassant souvent de loin les 35 heures par semaine évidemment (jusqu'à disons 70 heures). Donc à ce prix-là, on serait payés à peu près « décemment », mais on pourrait même pas dire encore que c'est vraiment « bien payé ». Là d'accord, je dirais à la limite que c'est un JOB DE RÊVE, mon gars. Maintenant, si tu as la trouille de galérer, d'être écoeuré du monde de l'édition, si tu préfères la jouer petit flippé, je te comprends à 100%, et alors dans ce cas, n'y vas pas. Ce genre de plan, il faut que le cœur y soit. Dis-toi que si eux se font des couilles en or sur ta poire, toi pendant ce temps, tu te fais un CV et un petit bagage professionnel en or sur la leur. A toi de voir... mais c'est Marche ou Crève, il faut le savoir. En attendant, je suis sympa, je te laisse le guide Saint-Barthélémy/Saint-Martin 2012-2013 qui me fait du gringue depuis quelques semaines. Alors dépêche-toi de postuler, car ça, c'est un putain de bon plan. J'ai mal au cœur de renoncer à une telle destination. Mais tu vois, j'en ai marre à ce point là. Cette année je reste à Bobigny City plage, je cherche un boulot un peu plus stable, quelque chose qui ressemble plus à un CDI ou un CDD, je postule sévère, et Saint-Barth, j'irai là-bas en vraies vacances quand j'aurai les moyens. Oui, on y croit !  

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17 janvier 2011 1 17 /01 /janvier /2011 23:34

Ce voyage de rêve, je l’ai mérité. J’en ai chié grave sa mère. Excusez-moi d’être vulgaire, oui c’est comme ça, j’en ai pas l’air, douce et courtoise à première vue, mais désolée de vous décevoir, si vous ne le savez pas déjà, en fait je suis une meuf vulgaire, une vraie poissonnière, et j’ai même adhéré au groupe facebook « je suis vulgaire et va te faire enc**** connard », c’est pas pour rien ! Ce récit d’aventures journalistiques est sans conteste le plus long que j’ai jamais écrit sur ce blog, ça a l’air d’un roman, mais lisez, ça vous prendra quelques minutes et vous allez le dévorer tout cru...

 

 Tout commence un beau jour d’octobre 2010.  Je suis sur un quai à la gare de Bordeaux, j’attends mon TGV pour rentrer à Paris. Mon phone sonne. Raoul (faux nom rassurez-vous), le recruteur des auteurs du guide de voyages au sein duquel j’ai fait le dernier stage de ma carrière d’étudiante (que je ne citerai pas, mais en même temps vous n’aurez pas trop de difficultés à deviner…), me dit : - Bon, tu restes toujours sur le guide Andorre, mais un autre vient d’être recalé pour une parution plus tôt que prévu, et ça pourrait t’intéresser. C’est le guide Maldives. Est-ce que ca t’intéresse ?

Guedin !!!!! Les Maldives, ai-je bien entendu ?! Si ça m’intéresse ?! Et comment !!! Comment Raoul peut-il me poser une question pareille ?! Qui serait assez débile pour ne pas être intéressé par les Maldives ?! Depuis ce jour, j’ai vécu Maldives, j’ai rêvé Maldives, j’ai bouffé Maldives, j’ai même pleuré Maldives, croyant les perdre. Je les ai tellement désirées que j’étais prête à tout. Et pour preuve. Pour les Maldives, j’ai remué ciel et terre, je me suis embrouillée avec des collègues et des agents de voyage au téléphone, j’avais plus de vie sociale, je mangeais pas, je dormais pas, et je pétais totalement les plombs. Pour les Maldives, j’ai fait du harcemailing (néologisme lénaien désignant le harcèlement par mail) à m’en donner des crampes aux doigts, et j’ai haï plein de gens, moi qui suis pourtant la plupart du temps disposée à les apprécier. Ma meilleure potesse, avec qui on s’envoie 36000 sms à la journée pour se raconter notre quotidien de A à Z, recevait des messages désespérés en longueur de journée.

Mais enfin, voilà l’affaire. J’ai une envie folle de balancer les pratiques je-m’en-foutiste et capitalistes dont j’ai fait les frais, mais aucun intérêt pour moi à m’étendre sur le sujet ! Déjà, ne serait-ce que parce que je dois tout de même mon premier taf dans mon domaine à ce guide, que ça reste une expérience exceptionnelle qui déglingue, et que ça fera très joli sur mon CV. En outre, il n’y a rien d’étonnant à ce qu’une entreprise de nos jours se foute de la gueule de ses "employés de dernier étage". Enfin, si c’est pour que cela retombe sur ma gueule, moi qui vient juste d’entrer dans le monde du travail, non merci sans façon. Cela dit je ne suis pas une lèche-cul pour autant, et croyez-moi je le leur aurais volontiers botté, le cul. Lorsqu’on m’accusait injustement, je me défendais, ne serait-ce que pour mon honneur.

Donc pour revenir aux Maldives, je trépignais d’impatience et il s’est bien écoulé 15 jours entre le moment où j’ai su que je partais et le moment où on m’a dit que je pouvais prendre mon billet d’avion, ce que j’ai aussitôt fait, pour caler un séjour du 15 au 30 novembre. Or, octobre touchait déjà à sa fin. Ce que je ne savais pas, c’est que le plan était foireux d’avance. Vous savez, le genre de plan sur lequel vous vous précipitez, mais en fait, vous vous retrouvez tout seul dans une galère infernale et personne n’a pris la peine de vous prévenir ni de rien vous expliquer, parce qu’en fait, tout le monde s’en fout et chacun pour soi.

 

On m’a balancé l’édition précédente du guide, le contact d’une commerciale susceptible de pouvoir m’aider -  qu’on appellera Gertrude (tant qu’à faire si on attribue des faux prénoms, prenons-en des drôles !) - mais qui n’était pas obligée de le faire, m’a-t-on bien précisé, une liste misérable d’hôtels avec lesquels il y avait eu échanges commerciaux les années précédentes (pub mais aussi pub contre nuits d’hôtels), et avec ça j’avais 15 jours top chrono pour organiser ma mission de A à Z. Sauf que j’ignorais encore qu’elle était impossible. Je me suis lancée timidement et tranquillement derrière mon écran, posant quelques questions naïves à ma référente de rédaction, que l’on nommera Cunégonde (bah pourquoi pas), chargée de me suivre sur le guide Maldives. Pucelle du travail enjouée, comment pouvais-je imaginer à quel point j’allais galérer ma race ? J’ai compris le bordel quand arrivée vers le 8 novembre, je n’avais réussi à décrocher qu’une seule nuit d’hôtel aux Maldives contre une petite pub, sur les 14 nuits que j’étais sensée y passer. Super ! Gertrude qui m’avait gentiment assistée jusque-là mais sans succès, s’était barrée en mission au Liban, son chef Robert (pourquoi pas) qu’on m’a recommandé n’avait pas une minute pour moi. D’autre part, je me suis rendue compte que Cunégonde ne m’aiderait pas plus car ça ne faisait tout simplement pas partie de son taf ; en fait un référent de rédaction te forme en 5 minutes, et valide ta rédaction, mais c’est tout ce qu’il peut faire pour un auteur. Ensuite, tous les directeurs d’hôtels du monde entier étaient évidemment tous fourrés au salon de tourisme WTM à Londres comme par hasard, et les hôtels que je contactais me fichaient des vents monumentaux, ou me répondaient négativement. Ok. En fait Léna, tout le monde s’en tape, de ton guide pourri qui sert à rien. Les Maldives c’est une destination de luxe, constituée de minuscules îles-hôtels où finalement on ne fait rien d’autre que se dorer la pilule au bord de lagons turquoise, propices aux formules tout compris vendues à gogo sur le net, et personne n’aurait idée, même pas toi, de consulter un guide de voyages pour y préparer un séjour là-bas. Non mais c’est vrai quoi ! En outre, les hôtels, tous de standing 4 ou 5 étoiles à 500 $ la nuit en moyenne (je n’exagère pas), n’en n’ont rien à foutre de ta pub à la noix de coco. En même temps, qu’est-ce que ça peut te foutre que tout le monde s’en foute ! Puisque les Maldives, bah c’est les Maldives, on te paie ton billet, tu vas vivre au paradis gratuitement pendant 15 jours, ton entourage entier t’envie, alors pour ces raisons, il faut te battre jusqu’à la mort mais alors jusqu’à la mort on est d’accord. Aussi, je me levais à 8h, passais parfois mes journées entières dessus, espérant, priant, fulminant et pestant devant mon PC. Tous les matins quand mon réveil sonnait, les premiers mots que je prononçais, avant même de m’étirer - et ça je ne l’ai réalisé qu’au bout de quelques temps - étaient « sa mère la teupu ». C’est d’ailleurs devenu notre mot d’ordre favori, à moi et un de mes colocs. C’est très vilain, surtout venant d’une féministe dans mon genre, mais j’y pouvais rien, ça sortait tout seul. J’ai pourtant essayé de le remplacer par « sa grand-mère la morue », mais non seulement ça sonne fade et faux, mais en plus ça ne défoule pas du tout. La mère à qui ? A personne, au moins j’insultais personne.

 

L’angoisse m’étreignait quand, la tête dans le cul, j’ouvrais ma boîte e-mail pro. Quelles réponses ou non réponses ce matin vont encore me donner envie de me tirer une balle ? Cette mission était limite entrain de devenir ma raison de vivre. J’ai appelé toutes les agences de voyage françaises possibles concernées par les Maldives en espérant obtenir de l’aide, pour m’entendre dire que, désolée ma cocotte mais on peut rien faire pour toi, et les hôtels aux Maldives n’ont pas besoin de ta pub, et tu peux rêver pour qu’ils te donnent une nuit gratuite (ça c’était du mytho en fait puisque j’ai presque tout eu gratuit lol) pour ton guide que tu peux te mettre au cul. Alors crève, va dormir sous un cocotier. Enfin non, c’est pas ce qu’on me disait bien sûr (encore heureux !), mais c’est comme ça que j’ai fini par l’interpréter. Je devais en somme effectuer le boulot d’une commerciale, alors que c’est pas de mon ressort, en anglais en plus (gnarf, pour bien me donner davantage de remords de n’avoir pas bien travaillé mon anglais dans le passé), le boulot d’une attachée de presse mais aussi surtout celui d’une emmerdeuse. Voilà, en fait les journalistes sont des emmerdeurs professionnels, bienvenue dans la réalité Léna, tu vas passer la moitié de ta vie à emmerder les gens. Comme si cela ne suffisait pas à ma peine, pour des raisons sur lesquelles je ne m’étendrai pas, je n’avais pas le droit de négocier des trucs avec tout établissement ayant un siège en France. Génial ! C’était ma toute première mission, j’étais juste formée à la base de données des guides, et Cunégonde s’étonnait que je me sente perdue.

Voyant que ça tournait à la loose absolue, j’ai proposé de reporter la mission. La veille de mon supposé départ, j’en étais toujours au point mort. Et alors que je chialais cette mission impossible, voici à peu près ce que le rédac en chef Roger (toujours un nom bidon) a enfin répondu à mon mail de désespoir : « oui bah t’as qu’à annuler le billet si tu peux, fallait réfléchir avant ». Ah bah voilà, bah voyons ! On me dit rien au sujet du fonctionnement de cette foutue boîte, on m’explique rien, on me fait prendre un billet d’avion, on me lâche dans la nature, je me démène comme une ouf, je me pisse dessus d’angoisse pendant 2 semaines, et on trouve rien de mieux à me dire ??!!!!!! Tchiiiiiiiiiiip ! Pour en rajouter une couche, Robert le commercial m’envoie un mail en me disant qu’il comprend mes problèmes, mais que ce serait bien que j’évite de réclamer des nuits d’hôtels gratuites tous azimuts aux Maldives car cela réduit les « courants d’affaires » des commerciaux. Ah oui ? Et mes courants d’affaires à moi, tu crois qu’ils sont pas réduits là ? Ouvrons nos chakras. Iiiiiiiiooooooonnnn…

 

Donc voilà le lendemain 15 novembre, jour prévu de mon départ, je reporte mon billet d’avion pour quelques centaines d’euros supplémentaires, et comme je suis bien obligée de fixer des dates, je pars sur 19 janvier-3 février, en tenant compte des dates de délai de rendu et de parution prévues (qui soit dit en passant ont finalement été à nouveau reculées depuis, et d’ailleurs on n’a même pas pris la peine de me le dire, alors que je VIS en fonction de ces dates, j’adore !). Cela dit une fois ce billet décalé, je me sens mieux. Déçue, épuisée, mais soulagée et bien plus détendue. Mes référentes de rédac me recalent sur la mission Andorre, que je devais au départ effectuer en premier, donc je continue mes démarches pour les 2 missions en même temps. Je bombarde les Maldives car je me jure que cette fois est la bonne. Tout se passe bien, je commence même à avoir des réponses positives, jusqu’au jour où (le 25 novembre précisément !) Cunégonde m’appelle et me dit, en gros : « bon ça va pas, t’as fait une bourde, t’es entrain de piquer un client du guide île Maurice, la commerciale Fernande (faux nom bien sûr) de la régie pub est furax !!! Arrête tout, t’as contacté trop de gens, ça craint pour le marché potentiel des commerciaux, ne contacte plus personne, transfère-moi tous tes mails, concentre-toi sur Andorre et oublie les Maldives pour le moment ». Quoi ?!!! Mais et moi alors, je suis pas furax qu’on me coupe en plein élan et qu’on me fout sans arrêt des bâtons dans les roues ? Elle est bonne celle-là. J’y peux rien si des hôtels ok pour négocier avec moi appartiennent au même groupe que d’autres hôtels à l’île Maurice ou à Petaouchnok, et si tout le monde me laisse nager dans ma merde depuis le début. Y’en a que pour les commerciaux, et les auteurs ils font quoi ?! Ils dorment à la rue pendant leur enquête et font la manche ??? Ah bah bravo ! Enervée, je demande que dans ce cas, on m’aide à boucler cette fichue mission. « Oui oui on va t’aider », qu’on me répond (que dalle oé !). Sans manquer d’ajouter que « si besoin, et bien on reporte encore ». Quoi ?!!!! J’ai bien entendu là ? Foutage de gueule !!! Tchiiiiip ! Pas question, surtout si c’est pour qu’on m’accuse encore après de m’y être mal prise. Ouvrons nos chakras. Aaaaaaauuuuuuummmmm…

Dégoûtée, je stoppe mes recherches aux Maldives, car désobéir serait risqué vu la situation. A côté, l’organisation pour Andorre, c’est du gâteau, ça glisse tout seul, les offices de tourisme réagissent au quart de tour et les hôtels m’ouvrent leurs portes sans discuter. 15 jours après, je débarque en Andorre, où j’oublie mes peines le temps d’une parenthèse montagneuse. J’oublie aussi avec les fêtes de fin d’année, et m’offre même quelques grasses matinées. sheraton-maldives-full-moon-resort-and-spa-facade

 

Mais les Maldives sont toujours dans ma tête et même dans mon cœur, et soudain je m’aperçois que l’année touche à sa fin, et que le départ approche. Je demande à reprendre les démarches, car comme je m’en doutais, personne n’a bougé le petit doigt pour moi pendant mon absence. Cunégonde m’autorise mais à condition que je le fasse sous la houlette des commerciaux. Hum mouais. Je suis à nouveau au taquet et en panique. Les commerciaux, qui ont forcément d’autres priorités que venir à mon secours, me répondent mollement et en plus maintenant, nouveau problème : janvier, c’est le début de la haute saison aux Maldives, les hôtels seront blindés et ne me feront pas de cadeau ! Je le savais, mais je n’ai pas le choix. J’ai du recaser mon voyage à cette période-là, point.

 

Bilan flippant : on est début janvier, je pars le 19, j’ai que 5 nuits d’hôtels sur 14, que j’ai obtenues en me saignant. Les autres vont pas tomber par la vertu du St-Esprit. Or, personne n’a besoin de ma pub, personne n’a le temps de m’aider, j’ai un budget d’enquête très serré qui ne peut pas me servir à m’offrir des hôtels, et je vais pas les payer avec mon cul non plus. Sans compter que les Maldiviens sont 2 de tension, ils sont au rythme insulaire quoi ! Ok. Ma vieille, vas-y finis-toi, et quand t’auras vraiment plus d’énergie, ce sera pas grave, t’auras oublié toute cette galère (qui finalement t’aura servi d’expérience), puisque tu seras entrain de savourer ta victoire sur la terrasse d’un superbe bungalow sur une île de rêve au soleil et tu diras…FUCK.

Alors j’ai pris le taureau par les cornes, j’ai changé de refrain. A mes supérieurs hiérarchiques, j’ai dit : « si cette fois je fais une boulette, c’est plus mon problème, si c’est chacun pour sa gueule, ok d’accord ! » Aux Maldiviens, j’ai dit : « la haute saison, c’est plus mon problème, je suis rédactrice et si vous voulez pas de ma pub, je vous en ferai quand même sans pub, je vous pondrai 1000 articles élogieux s’il faut (car les hôtels pourris n’existent pas aux Maldives), mais trouvez-moi des nuits d’hôtels, bordel ! ». La philosophie du « je veux, j’exige, et j’aurai », il n’y a que ça qui marche.

 

J’ai du faire mes petits deals dans mon coin, proposer des collaborations avec des webzines, - car dire qu’on écrit pour un guide de voyages n’est pas toujours suffisant, bon à savoir ! - faire chier les hôtels… Résultat :  la  semaine avant mon départ, tout s’est débloqué d’un coup. Les portes de prestigieux 5 étoiles s’ouvraient à moi, des attachées de presse françaises sorties d’on ne sait où m’appelaient de tous les côtés, Gertrude avait des réponses positives pour des nuits contre pub, et j’avais même le choix, alors que quelques jours avant, j’étais encore entrain de mendier comme une pauvresse. J’ai même pu faire mon caprice des dieux, genre annuler au dernier moment un hôtel 3 étoiles pas mal pour un hôtel 5 étoiles du tonnerre. Le monde à l’envers quoi.

 

Et le scoop des scoop, c’est que j’ai su, par le service de presse d’un grand groupe d’hôtels international qui en possède 3 aux Maldives, que fin novembre, Roger le rédac en chef les avait contactés pour caler quelques dates chez eux fin janvier. Ce qu’ils ont fait, sauf que c’est lui qui n’a pas donné suite. Mais pourquoi ?! Et pourquoi il m’a pas mise sur ce plan là ? J’étais sur le cul au téléphone. J’ai aujourd’hui la preuve par A+B qu’on m’a volontairement laissée ramer. Pourquoi ? Bonne question. Roger avait le pouvoir de m’aider et d’organiser mon séjour en 3 coups de téléphone. Il savait très bien que les Maldives étaient une destination pas commode et il avait des contacts ! Pour ma part, j’y aurai passé 1 mois en tout, je serai payée pour la rédaction, et non pour l’organisation du voyage, et en attendant j’ai un autre guide à finir avant fin février. Mais tout ça, on s’en fout royal. J’adooooore ! On m’aurait mise à l’épreuve ou bien ? Je n’en sais rien. Bienvenue dans le monde du travail, ma vieille. Ce que je sais, c’est que cette fois j’ai gagné le cocotier au sens propre du terme, et qu’il n’y a qu’en se débrouillant qu’on devient débrouillard, maintenant je suis rôdée.

 

A l’heure où je vous raconte tout ça, j’ai plus de jus, je me suis finie, mais j’ai casé tout mon séjour, l’angoisse fait place à la joie, et je suis sur le départ. J’ai voulu, je me suis battue, j’ai vaincu. Oui je sais, je suis une sale veinarde. Merci tout de même de m’avoir donné les Maldives, car moi ex petite stagiaire sans illusions fantasmant derrière son écran, je ne pouvais pas rêver plus beau cadeau de début de carrière. J’ai du cul certes, mais chers lecteurs, gardez quand même en tête la morale de l’affaire : finalement les MALDIVES, je les ai MÉRITÉES.

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29 septembre 2010 3 29 /09 /septembre /2010 11:54

Quelques jours avant la fin de mon stage, c'est-à-dire il y a quelques jours, j'ai fait la connaissance de mon nouveau meilleur ami, reçu à domicile dans ma boîte aux lettres. Il doit peser environ 1 kg, il est tout orange...et...que dire d'autre ? Je l'aime déjà et je sens que nous allons faire un long chemin ensemble. Mais euh, de quoi elle parle, elle ?

Ah mais rien de moins que de la dernière édition neuve pétante du Guide de la pige, bien sûr ! Edition 2011-2012 de la bible des journalistes pigistes, parue en librairie le 16 septembre là. Près de 650 pages d'infos précieuses, de conseils avisés, de bonnes adresses (enfin j'espère!). Je suis toute excitée rien que de le tripoter et d'en tourner les pages. Est-ce que mon début de carrière sera aussi excitant ? L'avenir va vite nous le dire.

9782950942890 lib fiche

Pigiste ou journaliste indépendante, oui je m'y vois trop, si j'arrive à vivre avec ces drôles de statuts, dangers d’inconstance et de précarité. C'est une autre histoire. Dans le journalisme, métier soumis à de constantes évolutions par nature, je me vois tel un caméléon. J'imagine une carrière variée et flexible, riche en défis, en changements, en surprises, en émotions tant qu'à faire allez carrément ! Passer de pigiste à journaliste sédentaire, de journaliste free-lance à rédactrice d'entreprise, de correspondante locale à rédactrice en chef ! Soyons fous...Lectrice-correctrice, écrivain public,  aussi, pourquoi pas. J'adorerais être tout ça à la fois. J'ai bel et bien terminé les études et la fac, mais je ne reste pas fermée à des petites formations pas trop relou. Enfin, j'ai tellement d'idées et de désirs que je me vois mal rester 15 ans dans la même boîte à faire les mêmes trucs aux mêmes heures avec les mêmes gens, à moins de n’avoir pas le choix. Plein de projets dans la tête, plein d'envies... une vie suffira t-elle ? En tout cas, ne nous emballons pas. Que ce soit maintenant ou plus tard, je compte aller au charbon comme tout le monde. Il faut tâter de la vraie vie active,  celle qui nous oblige à nous lever à 7h tous les matins, qui nous rapporte plus de 400 par mois (montant d'une indemnité de stage), qui nous prive de vacances pendant des mois et des mois, qui fait qu'on kiffe nos week-end à 300%, qui nous apprend à bosser en équipe avec des gens différents, et qui nous permet même de pas être trop dans la merde quand le CDD prend fin grâce aux allocs lol...bref, la vraie vie quoi, que l'on aime ou que l'on aime pas, et dont il est difficile de ne pas se lasser par moments à moins d'avoir un job de rêve. Mais qu'il faut avoir vécu quand même, ne serait-ce que parce que la loi de la survie à elle seule nous y force à un moment donné ou à un autre.

J'ai déjà bossé, 9 mois, pas bien méchant, et j'ai déjà fait des stages, mais bon, c'est pas pareil. Certes je me suis fait griller mon été lors de mon dernier stage, mais c'était pas bien grave, c’était mon choix et ça me convenait, puisque je savais que 3 mois ça passerait vite, et qu’après, j’aurais forcément un temps de répit. Et comme je connais la réalité du marché, je ne me fais point d'illusion. J’ai quelques ouvertures sympathiques avec les mag où j’ai fait mes stages, voilà qui est déjà encourageant. Ensuite à l'heure qu'il est, mon CV s'apprête à s'offrir un relooking du tonnerre de Zeus, avant de partir en tournée nationale. A moins d'un coup de bol, il est parti pour un long voyage. En attendant, faut que je bouge mon cul de lève-tard indécrottable, que je prenne mes jambes, mon dictaphone et mon stylo, que je descende dans la rue... mais non, pas pour manifester rigolus ! Enfin pas encore...

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5 août 2010 4 05 /08 /août /2010 22:29

 

Futurs journalistes, si vous souhaitez voyager par procuration à défaut de voyager pour de bon, rien de tel qu’un stage rédaction au PF, notre fameux guide chouchou de voyages qui édite également un magazine bimestriel. Et voilà, à force de faire des recherches et d’écrire des textes totalement attrapes-touristes sur les îles tropicales, je me les suis vendues à moi-même. « La République Dominicaine vous attend pour des purs moments de farniente sur des plages paradisiaques ». C’est le genre de phrase que j’ai écrit des tas de fois. J'ai bavé devant mon écran en mettant des mots sur des paysages de cartes postales. T’as le droit de rêver, Léna, mais ça, là, ces plages de sable doré piquetées de cocotiers au bord d’une mer aux eaux turquoise, pour le moment, ça reste sur ton fond d’écran. Estime-toi donc heureuse de fouler le bitume chaque matin de cette magnifique capitale, Paris, dont on dit que c’est l’une des plus belles villes du monde et dont plein d’étrangers rêvent. Hum oui oui bon ça dépend des critères de beauté que l'on a d'une ville. En tout cas, ça n’a rien d’exotique. Il faut beaucoup d’imagination pour se croire sur une île sauvage et déserte lorsqu’on est à Paris-Plage. Dans les couloirs du métro parisien, une pub me nargue depuis des mois. Promovacances m'invite en République Dominicaine pour minimum 899 euros, et affiche ce message farceur : « Plus rien ne vous retient ». Ah bon ? Si c’était le cas, ça se saurait.

Non je n’ai pas honte, j’avoue que je suis une touriste superficielle. Le safari dans la savane au Kenya, les randonnées dans les montagnes de Mongolie, les croisières dans les fjords au Groenland, bof c’est peut-être chouette mais c’est pas mon délire. Qui sait, l'envie me prendra peut-être un jour. Mais avant, je dois réaliser mes rêves de paradis insulaires. Pour moi les vraies vacances, c’est farniente et plaisirs sous les tropiques au soleil.

Alors spécialement pour vous, voici mon top 3 des destinations paradisiaques. Les Caraïbes, l'Océan Indien peuplent mes rêves d'évasion.

 

plage-seychelles.jpg1.Les Seychelles

 

Quand j’entends « Seychelles », je suis tout de suite au taquet. C’est carrément mon rêve absolu. Ces îles africaines éparpillées dans l’Océan Indien, voisines de la Grande île de mon cœur (Mada), n’illustrent rien de moins pour moi que le paradis sur Terre. Les paysages y sont éblouissants et la vie pépère. Je n’ai jamais rien entendu aux infos concernant les Seychelles. Il ne s’y passe rien. On a envie que ça reste ce que c’est : un petit paradis tranquille. Et on a envie de se marier rien que pour s’y faire une lune de miel. Sur l’île de la Digue, se trouve l’une des plus belles plages du monde, l’Anse Source d’Argent, parcourue de palmiers et de rochers en granit poli. Avec les bons plans de www.partirpascher.com, c’est possible de s’envoler une semaine aux Seychelles pour l’équivalent d’un smic. N’est-ce pas merveilleux ?

 

2.Zanzibar

 

Mon ex, blasé des réalités de la vie actuelle, économiques, sociales et autres, me disait parfois : « Ici pff…moi j’en ai marre, je me casse à Zanzibar ! ». Ça pourrait être le slogan d’une pub pour cette merveilleuse île totalement oubliée, au large des côtes de la Tanzanie. D’ailleurs, peu de tour opérateurs proposent des séjours là-bas. Ce qui veut dire que l’île aux épices est sans doute encore préservée du tourisme de masse. Il suffit de regarder des photos, c’est tout simplement le paradis insulaire africain par excellence. Il faut se saigner pour se l’offrir, car une semaine sous ses cocotiers en demi-pension revient à minimum 2000€. Sans doute le genre d’Eden où t’oublies que tu t’es ruiné une fois que t’y es. Y’a pas à dire, à Zanzibar, t’es trop peinard.

 

3.Les îles Grenadines

 

Encore des îles grandioses minuscules, où il fait bon se de ressourcer. Encore un coin vraiment pépère, pas très touristique, où seuls quelques bateaux de croisières font escale. Encore des plages paradisiaques sur lesquelles je rêve de poser mon cul. Et en plus, luxe suprême, des îlots totalement inhabités, pour assouvir vos fantasmes d’île déserte en tout genre ! On y accède facilement en croisière depuis la Martinique ou la Guadeloupe pour minimum 1000 €. Les îles Grenadines, bijou des Caraïbes, m’envoûtent déjà rien que grâce à leur nom. Grenadines, comme le sirop rosé sucré que je bois quand je vais chez mamie, ça sonne doux à mon oreille, ça me donne l’eau à la bouche… C’est tellement petit, tellement tranquille, tellement beau, que ça ne peut qu’être luxe, calme et volupté. Grenadines, îles câlines…ça y est, je délire moi.

 

Elles me font rêver aussi :

  • L'île Maurice

  • La République Dominicaine

  • Les Bahamas

  • Les Maldives

 

Et vous, quelles sont vos envies de paradis ?

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